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► C’est quoi le problème ? Par Mélodie • Ni noir ni blanc

Journée du patrimoine, tram bondé ! Je cherche une place assise pour ma petite-fille qui bringuebale à chaque tournant. Nous voilà enfin installées.
Sur le siège d’à côté, un enfant, maintenu par son père, hurle et se débat. Il est rouge pivoine, transpire et le père épuisé, mais déterminé répond « non » quand l’enfant prononce en hoquetant « je...veux... un a...vion ». Ils maintiennent chacun leur position. La mère, dépitée, assise face à eux avec le deuxième enfant ‒ qui lui ne bronche pas ‒ tend les bras vers celui qui braille tant et plus. Le père, le regard froncé, laisse aller le petit. Il se love sur les genoux de sa maman, lui descend le T-shirt, se blottit contre son sein et se met à téter avidement. Elle fredonne une berceuse et j’entends les sanglots du gosse s’émousser peu à peu.
Pendant ce temps, le deuxième joue avec une voiture tout en me fixant sérieusement. Je lui adresse un sourire auquel il ne répond pas. Le minot collé au sein de sa mère a cinq ans ! Mon humeur vacille. Des pensées brouillonnes, voire déraisonnables, fusent et s’entrechoquent quand nous sortons du wagon.
Non, mais quand même, il est un peu trop grand pour se calmer au sein, personne ne lui parle de sa colère, de son désir d’avion, juste un « non » franc et direct et une consolation bien inadaptée dans la foulée. Patati, patata... Qu’est-ce qu’il en comprend ? Patati, patata... Que va-t-il se passer ensuite ? Et son frère du même âge qui préfère le silence et évite de faire une quelconque vague. Connaît-il la suite par cœur dès qu’ils seront rentrés à la maison à l’abri des regards extérieurs ? Pfuuu... du grand n’importe quoi... Arrête d’extrapoler me rappelais-je à l’ordre intérieurement.
Même si cette scène te paraît improbable, tu n’as pas à t’en faire juge ; tu ne connais pas leur histoire ni leur trajet ni comment ils en sont arrivés à (ce qui te semble être) de telles extrémités.
Soudain, je me souviens des conseils d’une personne qui m’est chère : « Lis le livre de Catherine Sellenet : Parentalités, normes et injonctions ». Il me fallait un déclic pour faire le pas jusqu’à la librairie, voilà qui est fait !
C’est tellement essentiel de se nourrir d’un autre regard et ainsi avoir la chance d’éviter l’écueil d’un jugement hâtif sans pour autant se muer en avocate. Penser au lieu de ruminer ouvre le champ des possibles, non ?


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