N° 672 | Le 3 juillet 2003 | Jacques Trémintin | Critiques de livres (accès libre)

La relation à l’autre. L’implication distanciée

Myriam Germain-Thiaut & Martine Gremillet-Parent


éd. Chronique Sociale, 2002, (128 p. ; 14 €) | Commander ce livre

Thème : Relation

L’enjeu de toute communication consiste à créer du lien avec l’autre, en gérant une relation avec lui. L’ensemble des participants à la rencontre partage la responsabilité de sa réussite ou de son échec. Mais le professionnel a une place toute privilégiée à tenir. Pour arriver au mieux, il lui faut chercher en permanence la distance appropriée. Or, cette distance ne peut jamais être définie à l’avance. Elle n’est jamais ni bonne ni mauvaise d’emblée, elle est appropriée (ou non) à l’objectif poursuivi et au contexte.

La technique de l’implication distanciée qui nous est proposée ici consiste justement à savoir gérer cette distance qui nous sépare de l’autre, choisissant tantôt de s’approcher de la logique qu’il exprime, tantôt de s’en éloigner. L’implication est ce processus d’engagement relationnel qui se manifeste par le biais de l’expression verbale, mais aussi d’indicateurs tels la présence physique (posture corporelle, gestes, regard), émotive (la façon dont on montre ses sentiments) ou cognitive (compétence, rigueur, précision de l’argumentaire). La distanciation est ce recul sur la situation dans laquelle on est impliqué. Ses mécanismes sont d’ordre affectif (identifier ses propres sentiments), cognitif (connaître les représentations à la base de sa subjectivité) et relationnel (gérer les écarts entre ses propres référentiels et ceux de l’autre).

Les phases d’implication et de distance ne sont pas successives mais simultanées. « Paradoxalement, je me distancie pour mieux écouter, donc pour mieux me rapprocher d’autrui et je m’implique pour mieux me distancier de lui en exprimant un point de vue divergeant » (p.20). Cette technique de communication permet tout particulièrement de s’adapter à toute situation qui par définition, n’est jamais figée, mais au contraire est toujours en suspens, tendue vers des possibilités diverses, se façonnant en permanence : l’implication distanciée facilite la canalisation de l’imprévu et la renégociation du réel à tout moment. Plongeant leur démarche aux meilleures sources (l’école de Palo Alto, Karl Rogers, Mucchielli ?), les auteures nous proposent ici une conceptualisation des pratiques que beaucoup de professionnels auront intégrées empiriquement. Ce manuel a l’avantage de mettre en mots et en illustrations, une technique de base des métiers de communication.


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