Yvelines : « zéro sans solution » et... zéro social ?

Les Yvelines s’apprêtent à accueillir une superstructure dédiée au handicap. Lancé le 18 mai, l’appel à projet vise la création d’une « plateforme interdépartementale d’hébergement et de services pour adultes avec troubles du spectre autistique et pour adultes avec handicap psychique ».

Le futur gestionnaire devra prendre en charge un foyer d’accueil médicalisé (66 places pour des personnes autistes et 50 places des personnes ayant des troubles psychiques), un service d’accompagnement médico-social pour adultes handicapés (42 places) et deux pôles de compétences et prestations externalisées. Avec l’Agence régionale de santé, les départements des Hauts-de-Seine et des Yvelines veulent ainsi créer 158 nouvelles places et des services d’appui aux personnes concernées.

Projet d’un autre temps

Les usagers de ces nouveaux services seront accueillis sur le site de Bécheville-les-Mureaux un terrain du Centre hospitalier intercommunal Meulan-Les Mureaux dans les Yvelines. « Ce genre de projet semble émaner d’un autre temps, regrette Marcel Hérault, président de l’association SA3R (Sésame autisme réflexion, rechercher, recommandations). Un rapport de la Direction générale de la cohésion sociale sorti en 2009 préconise des établissements de 20 à 30 personnes avec des unités de vie limitée à 6 personnes. »

« De plus, précise-t-il, pour éviter la relégation hors de la société, ces petites structures doivent privilégier les implantations dans les centre-villes. Là, on projette de faire au handicap ce que l’on ne fait plus à la psychiatrie ».

Logique sanitaire au détriment du social

Les deux conseils départementaux présentent néanmoins cette solution comme une manière de tenir l’engagement du « zéro sans solution » et de réduire les départs non souhaités vers la Belgique. « Le constat, partagé par les départements des Hauts-de-Seine et des Yvelines, est l’exclusion des établissements franciliens de personnes en situation de handicaps lourds et complexes tels que l’autisme ou les personnes avec un handicap psychique, écrivent-ils dans un communiqué commun. Ainsi, 367 adultes (205 du 92 et 162 du 78) sont accueillis actuellement dans des établissements belges ».

Les candidats ont jusqu’au 15 septembre pour répondre à l’appel à projet pour une ouverture programmée en 2020. « Seules les très grosses associations vont pouvoir postuler, regrette Marcel Hérault. La logique sanitaire de regroupement, de mutualisation, déteint sur le médicosocial, et ne laisse plus de place à la créativité, à l’expérimentation sur des petites unités. Ces créations de places auraient normalement dû faire l’objet de plusieurs appels à projet ».