N° 1289 | Le 16 février 2021 | Critiques de livres (accès libre)

Vies majuscules. Autoportrait de la France des périphéries

Emmanuel Vaillant, Édouard Zambeaux


Éd. Les petits matins, 2020 (335 p. – 17 €) | Commander ce livre

Thèmes : Pauvreté, Inégalités

La parole aux précaires

On parle volontiers sur eux. Mais, quand leur donne-ton la parole ? Voilà qui est fait, grâce aux deux journalistes, animateurs des ateliers d’écriture ouverts aux invisibles. Ils sont quatre cents à avoir accepté de livrer ainsi des bribes de leur quotidien. Le projet n’était pas de susciter des opinions ou des analyses, mais de faire émerger des morceaux de vie. Chacun avait quelque chose à dire. Il fallait juste le convaincre de le faire. Quatorze semaines d’immersion à faire du saute-frontière entre les régions auront permis de libérer la parole et de la traduire en courts récits. Une semaine à dix jours furent nécessaires, à chaque étape, pour faire tomber les aprioris et susciter la confiance. Sur tous les témoignages recueillis, cent soixante portraits d’existences modestes et précieuses sont présentés ici. Le résultat de cette plongée dans cette France qui survit plus qu’elle ne vit, c’est Dana qui hante les squats depuis douze ans. Loïc qui, une fois toutes les factures payées, ne dispose plus que de 250 € pour manger. Éric qui explique avoir oublié de faire les courses, quand son petit-fils remarque ses placards vides. Alice qui bénéficie d’une maigre retraite, après s’être arrêtée de travailler neuf ans pour élever ses enfants. Tous ces petites gens si souvent inaudibles qui s’expriment ici avec tant de dignité et d’élégance.

Jacques Trémintin


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