N° 1311 | Le 15 février 2022 | Par Olivier Robert, cadre dans un service éducatif | Espace du lecteur (accès libre)

Réponse au billet « Les invisibles » (n°1309)

En réponse à l’article "Immigrés âgés : les invisibles"


C’est vrai qu’il fait du bien cet article tellement ce qu’il expose (dénonce) est proche de notre réalité quotidienne. Nous sommes effectivement trop souvent «  le réceptacle des exigences hors sol des directions et directions générales   ». Que les directions aient ces exigences hors sol (souvent inspirées du secteur marchand, concurrentiel et du modèle néolibéral, ne nous y trompons pas) est un fait et moi, ça m’est de plus en plus insupportable ! Que nous, les cadres soyons le réceptacle de ces exigences, c’est malheureusement un autre fait présenté, telle une fatalité ! Je ne m’y ferai jamais. Impossible d’avaler toutes ces couleuvres, ce modèle de gouvernance descendant guidé par une seule logique gestionnaire, qui méprise le «  terrain  », ne consulte jamais les cadres et nous met devant le fait accompli à longueur d’année à nous considérer comme de simples exécutants. Il fait du bien cet article, mais en même temps, c’est un journaliste qui en est l’auteur, pas un cadre ! C’est révélateur de notre totale soumission (démission ? lassitude ? fatalisme ?), nous les cadres face à cette logique. Et du coup, ça fait mal ! Combien sommes-nous à faire ce constat chacun de notre côté, à voir se dégrader notre secteur que les décideurs malmènent, à coup de décisions stratégiques (dont la principale motivation est économique, sans aucune considération pour la clinique et les pratiques), à voir des professionnels souffrir, démissionner, remplacés par des éducateurs envoyés par des agences intérimaires, voir les équipes se déliter, s’habituer à travailler en mode dégradé (le COVID a bon dos en ce moment, d’ailleurs). Bref il est bien cet article pour ce qu’il fera peut-être réfléchir les directions et Direction générale et rappeler aux professionnels de terrain que nous sommes à une place de plus en plus difficile. Mais, il fait l’amer constat que nous sommes des invisibles, que nous ne nous exprimons pas et que, donc, nous regardons s’opérer une dérive sans la mettre en débat, sans lui opposer la moindre critique. Existerait-il un collectif, une asso qui sauraient porter la voix des cadres inter ou de proximité, peser dans les débats (heu avant de peser, le créer !), rassembler nos forces, utiliser le pouvoir que nous avons (de par notre expertise, notre place notamment) ?