Le 24 janvier 2024 | Par Céline Gailledrat, Emilie Penduff, Anne Laure Mongenet et Charles Nnang, étudiants au D.E de médiateur familial | Espace du lecteur (accès libre)

Médiateur familial, un métier à part entière

Métier très utile dans certaines situations conflictuelles, le médiateur familial déjoue les stratégies naturellement en place dans les conflits intra familiaux. Une profession qui gagne à être (re)connu dans l’accompagnement holistique des familles.

Etudiant-es, nous sommes en formation au diplôme d’état de médiateur familial, métier passionnant centré sur la famille. Nous allons tenter de vous expliquer ce métier si riche. Nous espérons, à la suite de votre lecture, que vous pourrez parler de la médiation familiale autour de vous.

La médiation familiale en France

L’arrivée de la médiation familiale en France est liée à la mutation de la famille observée à partir du milieu des années 1960. La redéfinition de la place de chacun et plus particulièrement de la femme et de l’enfant viennent modifier l’équilibre du couple.

Dans les années 1970, des professionnels du champs social, des professionnels du droit, des thérapeutes sont confrontés à des conflits familiaux, souvent liés aux séparations et aux divorces. Ces différentes observations les amènent à réfléchir aux possibilités à mettre en œuvre et amènent vers la médiation familiale.



La médiation Familiale s’adresse à toute personne qui fait face à un conflit familial ou à des difficultés de communication au sein de la famille. ©Liza Popova/Pixabay

C’est en 1988 que l’association pour la médiation familiale (Apmf) est créée puis organise un voyage d’étude au Canada et plus particulièrement à Montréal où la médiation familiale est déjà pratiquée. L’Apmf a rédigé un code de déontologie afin d’encadrer la pratique professionnelle des médiateurs familiaux.

En 1991 la fédération nationale de la médiation et des espaces familiaux, la Fenamef est créée dans le but de promouvoir la médiation familiale.

Pour qui ?

La médiation Familiale s’adresse à toute personne qui fait face à un conflit familial ou à des difficultés de communication au sein de la famille et qui souhaite expérimenter dans un lieu neutre en présence d’un tiers un autre mode de communication.

Voici quelques exemples :

- Les couples, séparés ou non, devant se mettre d’accord sur l’organisation de la vie quotidienne des enfants, la contribution financière à l’éducation des enfants…

- Les adolescents ou jeunes adultes rencontrant des difficultés relationnelles avec leurs parents…

- Les fratries par suite du décès d’un parent ou ayant un parent âgé et/ ou dépendant étant en désaccord pour la succession, l’organisation d’une prise en charge…

- Des grands parents ayant le souhait de garder le lien avec leurs petits-enfants…

Dans quel intérêt ?

La médiation familiale sert à créer, recréer ou maintenir la communication entre les membres d’une famille. Elle accompagne les personnes vers des accords mutuellement acceptables. Dans certaines situations, le conflit est tellement présent que la communication n’arrive plus à circuler. Les personnes ne s’écoutent plus et leur relation s’abîme. La médiation familiale offre du temps et un espace sécurisé d’échanges et d’écoute pour permettre de faire un pas de côté.


La médiation familiale accompagne les membres d’une famille vers des accords mutuellement acceptables.


Cette démarche est volontaire. Tous les sujets du conflit qui se présentent au sein d’une famille peuvent être discutés en médiation familiale, avec l’accord de tous les participants.

Pendant un processus la médiation familiale permet de sortir de la logique judiciaire quant à la gestion des séparations, des divorces et de la garde des enfants.

C’est un temps qui est proposé, parfois imposé par le juge où l’on invite les personnes à communiquer avec un tiers. L’idée étant que les personnes trouvent leurs propres solutions.

Temporalité et coût

La médiation familiale à plusieurs modes d’entrées :

Judiciaire, elle peut être ordonnée par un Juge aux affaires familiales (Jaf) au cours d’un divorce ou au cours d’une requête individuelle. Il est aussi possible d’être orienté en médiation familiale via la Tentative de médiation familiale préalable obligatoire.

Les Juges aux affaires familiales ou les juges pour enfants peuvent aussi ordonner aux personnes de s’informer sur la médiation familiale mais pas obligatoirement d’entrer dans un processus de médiation.

La médiation est dite spontanée ou conventionnelle lorsque les personnes prennent contact avec un service de médiation ou un médiateur familial en libéral sur les conseils d’un tiers ou par une recherche personnelle.

Elles sont reçues en entretien d’information qui a pour but d’expliquer les règles, le cadre, le processus et le coût de la médiation. En service de médiation conventionné, cet entretien est pris en charge par les financeurs (Caf par exemple).

Cet entretien peut se dérouler en présence de tous les membres qui envisagent la médiation ou de manière individuelle. Si toutes les personnes concernées et le médiateur familial sont d’accord, le processus commence lors d’un premier entretien de médiation.


C’est un espace de confidentialité où le médiateur se devra d’être neutre et impartial.


Un entretien dure entre 1h30 et 2h selon les possibilités des personnes et du médiateur. Le nombre d’entretien est variable selon les besoins. Chaque acteur de la médiation peut mettre fin au processus dès qu’il le souhaite.

En service de médiation, chaque personne paie son entretien de médiation selon ses revenus (grille tarifaire fournie par la Cnaf). En libéral, c’est le médiateur familial qui fixe le prix de la séance.

Rôle, la posture et formation du médiateur familial

Le rôle du médiateur familial consiste à faciliter la communication et la résolution des conflits entre plusieurs membres d’une même famille en désaccord. Le médiateur familial agit comme un tiers facilitateur, pour aider les personnes à comprendre leurs points de vue respectifs afin de trouver un terrain d’entente.

Dans cet espace de médiation, le médiateur s’appuie sur les compétences des personnes. Il vérifie le consentement de chacun et est garant du cadre en veillant à ce que chaque personne se sente suffisamment en sécurité pour échanger et communiquer dans le respect.

C’est un espace de confidentialité où le médiateur se devra d’être neutre et impartial.

Pour cela le médiateur familial doit suivre la formation professionnelle menant au Diplôme d’Etat de médiateur familial qui se déroule sur 18 mois dans une école agréée.

TMFPO, quezako ?

Depuis 2017, la Tentative de médiation préalable obligatoire est une mesure qui a été mise en place à titre expérimental dans onze juridictions jusqu’au 31 décembre 2024. Elle s’adresse aux parents qui sont déjà passés devant un juge aux affaires familiales et qui souhaitent demander une modification du jugement.

Il est ainsi impératif, devant certains tribunaux, sous peine d’irrecevabilité de la requête, de faire appel à un médiateur familial lorsqu’un jugement a déjà été rendu et que la demande concerne :
. Une modification de jugement relative à l’exercice de l’autorité parentale,
. La contribution à l’entretien et à l’éducation des enfants,
. Les modalités d’hébergement ou du droit de visite.

Cette obligation s’applique en dehors des cas de motifs légitimes prévus par la loi (violences intra-familiales, impossibilité, éloignement géographique, entente totale des parents sur les modifications envisagées).

Besoin d’un médiateur ?

Les médiateurs familiaux peuvent exercer en libéral ou en tant que médiateur salarié en association. Le site de l’association pour la médiation familiale (Apmf) recense les médiateurs familiaux diplômés d’État et les structures de médiation familiale dans son annuaire, comme le site de la Fenamef. Vous pouvez vous adresser à la Caf qui oriente vers les services de médiation familiale ou sur le site internet de la Cour d’Appel dont vous dépendez.