N° 684 | Le 30 octobre 2003 | Jacques Trémintin | Critiques de livres (accès libre)

Les sectes

Alain Vivien


éd. Odile Jacob, 2003 (252 p. ; 21 €) | Commander ce livre

Thèmes : Citoyenneté, Secte

500 000 personnes seraient concernées par le développement du sectarisme : adeptes, repentis, mais aussi victimes collatérales (familles, enfants…). Des 116 groupes identifiés par les renseignements généraux en 1982 aux 172 répertoriés en 1995, des 300 dénoncés par les associations de défense aux 800 constatés par les spécialistes catholiques, peu importe leur importance numérique, ce qui compte, c’est de connaître leur mode d’approche. Chacun semble avoir sa cible privilégiée (couches moyennes ou milieux populaires) et utilise une argumentation spécifique (new-age, néopaïens, sataniques, guérisseuses, apocalyptiques, orientalistes…).

Si le principe de laïcité ne permet pas de porter un quelconque jugement sur les croyances et doctrines professées, il est possible de déterminer des critères permettant de distinguer leur pouvoir de nuisance : comment fonctionne le pouvoir ? Comment circule le savoir ? Comment se gère l’avoir ? Comment se vivent les relations au sein du groupe et vis-à-vis de l’extérieur ? Si un seul de ces critères ne suffit pas, ce qui doit inciter à la vigilance, c’est la conjonction de plusieurs d’entre eux allant dans le même sens : « La secte est un groupement ou une association de structure totalitaire, déclarant ou non des objectifs religieux, dont le comportement porte atteinte aux droits de l’homme et à l’équilibre social » (définition proposée par la Mission interministérielle de lutte contre les sectes).

Alors que les États-Unis sont devenus le refuge des sectes multinationales, allant jusqu’à voter une loi en 1998 préconisant la liberté religieuse à travers le monde et prévoyant des sanctions contre tout pays qui ne s’y plierait pas, la France, fidèle à des principes qui ont toujours subordonné la liberté individuelle au respect d’autrui, n’est pas restée inactive. Certes, entre 1975 et 1982, seule une centaine de plaintes avait été déposée (aboutissant à 24 condamnations dont seules 4 graves). Au cours de l’année 2000, la justice a eu à traiter de 260 affaires, correspondant à 490 infractions, délits ou crimes. Le premier tiers concerne des mineurs (agressions sexuelles, défaut de soins, privation de nourriture ou de scolarisation…). Le second tiers s’intéresse aux délits financiers. Enfin viennent les atteintes à la personne majeure y compris à sa santé.

Alain Vivien, ancien député et secrétaire d’État, auteur d’un rapport dès 1983 sur les sectes, a créé et prit la présidence en 1998 d’une mission interministérielle sur cette même question (il en a démissionné en mai 2002). C’est donc un spécialiste qui nous livre ici le fruit de son expérience, décrivant les manœuvres de ces groupes pour instrumentaliser la justice et les instances internationales ainsi que les démarches entreprises à l’échelle mondiale pour les combattre.


Dans le même numéro

Critiques de livres