N° 1312 | Le 1er mars 2022 | Critiques de livres (accès libre)

Les matriarches

Nadia Ferroukhi


Éd. Albin Michel, 2021, (176 p. – 35 €) | Commander ce livre

Thèmes : Couple, Femme

Vivre hors du patriarcat

Depuis 2008, Nadia Ferroulki sillonne le monde à la rencontre de ces communautés dont l’ossature sociale est exempte de domination masculine. Des grand-mères, des mères et des filles ont établi des règles de fonctionnement, sans passer par la loi des hommes, mais sans pour autant les asservir. Ce sont les Moso, minorité ethnique chinoise qui ignore la fidélité et la jalousie dans les relations homme/femme, l’autorité du géniteur disparaissant derrière celle de l’oncle maternel, seule figure masculine signifiante pour les enfants. La paternité biologique est bien reconnue chez les Minangkabau de Sumatra, sans que ce statut n’interfère dans l’ordre social qui reste aux mains des femmes. Au pied du mont Kenya, des femmes Samburu ont fondé Tumai, un village interdit aux hommes, regroupant celles d’entre elles ayant subi mutilations génitales ou mariages forcés, répudiations ou viols. La démocratie participative y règne, tout se décidant par main levée. Chez les Zapotécas mexicains, les hommes sont bien présents. Mais, l’héritage se transmet de mère en fille. Chez les Touaregs, c’est aussi la femme qui est propriétaire de la tente et du bétail et qui choisit son mari. En Guinée Bissau, le conseil des femmes gère les affaires communes, en veillant qu’aucune de ses membres n’ait trop de pouvoir. Autant d’illustrations démontrant que ce patriarcat où les hommes prennent toute la lumière n’est pas une fatalité.

Jacques Trémintin


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