Calais : un jeu politique malodorant

« Des lignes que nous pensions infranchissables sont aujourd’hui dépassées » Vincent de Conack, représentant du Secours catholique à Calais se dit stupéfait. Mercredi 22 février, les jeunes mineurs que l’association accompagnait dans son local pour prendre des douches ont tous été interpellés et emmenés au commissariat.

Un bras de fer entre l’association et la mairie a commencé le 8 février et l’installation de deux bâtiments préfabriqués de quatre douches chacun dans la cour des locaux du Secours catholique. « Nos locaux sont depuis surveillés en permanence par 4 ou 5 CRS stationnés dans une camionnette devant notre porte », témoigne Vincent de Conack. La mairie indique qu’elle est « opposée à la création de point de fixation de migrants ».

Ordures municipales

Et elle le fait bien comprendre. À Calais, avec l’expulsion du bidonville, toutes les structures d’accueil ont été démantelées. Vincent de Conack estime qu’entre 200 et 500 personnes « vivent dehors sans aucun lieu où poser une tente, harcelés pour être rendus invisibles, ils ne dorment plus, vivent comme des animaux, la situation est dramatique ».

La plupart sont des mineurs. Le Secours catholique a voulu leur proposer un minimum : huit douches. Le jour de la livraison des bâtiments modulaires, Antoine Diers, directeur de cabinet de la mairie, est venu garer sa voiture personnelle devant l’entrée des locaux pour empêcher l’installation d’un troisième module qui devait servir de salle d’attente. Puis la mairie a installé une benne à ordures devant l’entrée. Elle a consenti à la retirer après que le Secours catholique eût saisi le tribunal administratif de Lille. Lequel a jugé cet acte illégal.

Douche policière

Le 17 février, devant le local, sept mineurs accompagnés par une salariée de l’association et une journaliste de Libération ont été interpellés, les enfants emmenés au commissariat, les deux adultes, à la police aux frontières… avant d’être relâchés. Véronique Fayet, présidente du Secours catholique, a interpellé les candidats à la présidentielle :

« Trouvez-vous normal que l’action humanitaire des associations mais aussi des citoyens soit entravée par les pouvoirs publics ? ». L’association a saisi le défenseur des droits, en espérant que ses observateurs se rendront sur place.