Dossiers

Elvire Bornand a conduit des recherches-actions sur le non-recours pour différentes collectivités locales. Pour cette sociologue, la crise sanitaire et sociale interroge la posture des travailleurs sociaux.

Au collège, les assistantes de service social assurent l’accompagnement des élèves et familles en difficultés économiques, sociales ou éducatives. Depuis mars 2020, elles constatent une augmentation des difficultés économiques et de l’absentéisme. Mais le plus inquiétant demeure le mal-être croissant des collégiens et collégiennes.

La crise sanitaire de la Covid-19 se transforme doucement mais sûrement en crise économique et sociale. Aux premiers rangs, les assistants de service social tentent de limiter les dégâts collatéraux sur les personnes les plus vulnérables.

Ni connues, ni reconnues, les travailleuses sociales de l’aide et de l’accompagnement à domicile représentent pourtant un maillon primordial en terme de prévention, de protection et d’émancipation pour les familles traversant des difficultés. Quasiment exclusivement féminine, la profession de technicienne de l’intervention sociale et familiale traverse une crise des vocations malgré des atouts qui pourraient en faire un métier d’avenir.

L’association d’aide familiale populaire qui intervient à Marseille et Avignon emploie cinquante techniciens de l’intervention sociale et familiale, dont douze hommes. Trois familles accompagnées ont ouvert la porte de leur domicile pour partager cette relation intime tissée autour du quotidien.

Leur rôle est inversement proportionnel à la considération dont elles bénéficient. Leur donner la parole ne relève pas seulement d’une légitime reconnaissance. Ces professionnelles ont aussi beaucoup à nous apprendre.

La prochaine revalorisation des salaires et la récente attention portée aux travailleuses sociales à domicile doivent s’accompagner de moyens et de réflexions.

À mi-parcours, quel bilan tirer de la «  Stratégie nationale de prévention et protection de l’enfance 2020-2022  », annoncée le 15 octobre 2019 par le secrétaire d’État Adrien Taquet ? A-t-elle porté ses fruits ? Quelles avancées sur le terrain ? Quid de la contractualisation avec les départements ? Quels oublis ou ratés ?

En 2020, trente départements ont signé une convention avec l’État et bénéficié de co-financements dédiés à la réalisation de projets dans le cadre de la Stratégie nationale de protection de l’enfance. Les départements du Nord et de Loire-Atlantique en font partie.

Membre du conseil national de la protection de l’enfance, Lyes Louffok porte haut la parole des enfants placés et dénonce depuis des années les dérives d’un système oublié des politiques.

80  % des handicaps sont invisibles. Les troubles cognitifs en font partie. Peu connus, ils ont pourtant de fortes incidences sur la vie quotidienne des personnes touchées et leur entourage. Ils nécessitent un repérage et un accompagnement adapté.

Le Groupe d’entraide mutuelle Chez Godot à Sarcelles (Val d’Oise) accueille des personnes souffrant de troubles cognitifs et de lésions cérébrales. Adhérentes et actrices du lieu, elles y retrouvent un rythme et des liens sociaux.

Pourquoi le handicap nous sidère-t-il ? Quelle posture adopter vis-à-vis des personnes touchées ? Quel accompagnement proposer ? Éléments de réponse.

En arrivant en France, les mineurs non accompagnés doivent prouver leur minorité devant des évaluateurs afin d’obtenir une prise en charge par l’aide sociale à l’enfance.
Sans cette reconnaissance, ils se retrouvent dans un no man’s land, ni majeurs, ni mineurs. Associations et bénévoles plaident en faveur d’une présomption de minorité, plus protectrice.

La ville de Nantes expérimente un dispositif d’accueil en faveur de mineurs non accompagnés (MNA) dont la minorité n’a pas été reconnue par l’aide sociale à l’enfance (ASE) et qui, jusqu’alors, n’avaient aucune protection.

Sorti en octobre 2020, le rapport «  Les enfants de l’exil  » dresse un état des lieux afin d’établir une charte nationale de l’accueil et de l’accompagnement des mineurs non accompagnés. Une urgence au vu des constats.

La France compte 11 millions d’aidants qui soutiennent un proche en perte d’autonomie dans ses activités quotidiennes, au risque parfois d’y laisser leur santé. Si les associations saluent la Stratégie de mobilisation et de soutien en faveur des aidants lancée en 2019, elles en soulignent aussi les manques.

À La Madelaine-sous-Montreuil (Hauts-de-France), le gîte Les bobos à la ferme accueille aidants et proches, travailleurs sociaux et personnes accompagnées.

Le rôle d’aidant impose de se préserver physiquement,
psychiquement et émotionnellement.

Enfants autistes, enfants avec des troubles du comportement ou de l’attachement, adultes hospitalisés en psychiatrie…
les familles d’accueil thérapeutique reçoivent petits et grands. Cela donne parfois des drôles de familles « patchwork ».

Visite au Relais d’accueil familial thérapeutique du centre hospitalier
«  Le Vinatier  » près de Lyon. Il compte huit assistantes familiales
pour des enfants et des adolescents suivis en pédopsychiatrie.

Quel est l’intérêt thérapeutique d’un placement en famille d’accueil ?
Le principal avantage de ce dispositif est sa grande souplesse. Les modalités d’accueil s’ajustent aux besoins de l’enfant. On peut proposer du temps complet, du temps partiel, du temps relais, du temps de vacances, etc. Ce dispositif est vraiment centré sur la personne accompagnée, sans limite de durée ni de question de lourdeur des soins. La famille d’accueil constitue notre interlocuteur de référence 24 heures/24. Elle joue un (...)

La prise en charge des auteurs de violences conjugales est désormais reconnue comme essentielle pour protéger les victimes. La mise en place d’un numéro vert et de centres dédiés financés par l’État marque cette avancée.

Interdits de domicile, sans argent ni famille, les auteurs de violences les plus précaires peuvent rapidement être tentés de retourner dans le foyer familial. Pour l’éviter, le Service de contrôle judiciaire et d’enquête de Lille met des studios à leur disposition. Une initiative encore rare.

Après plus de 30 ans de thérapie avec des auteurs de violences conjugales dont 17 de lutte au sein de la Fnacav, le psychologue et psychanalyste Alain Legrand défend la possibilité d’une transformation.

Un nouveau code de justice pénale des mineurs (CJPM) entrera en vigueur le 31 mars 2021 et remplacera l’ordonnance de 1945. La réforme voulue par le gouvernement pour améliorer et accélérer la réponse judiciaire fait craindre aux professionnels un recul de la dimension éducative de la justice des mineurs et une aggravation des sanctions.

Briques rouges et grand portail en fer forgé, la ferme de Baybel se dresse, imposante, au cœur du paysage vert et vallonné des Ardennes. Convertie en centre éducatif renforcé depuis une quinzaine d’années, elle accueille huit jeunes par session de cinq mois. Le projet éducatif se déploie autour de la médiation animale.

L’arrivée d’un nouveau code pénal des mineurs écarte le principe d’éducabilité posé par l’ordonnance de 1945 pour s’approcher un peu plus d’un objectif de contrôle et d’une menace plus forte d’incarcération.

La culture en prison est un droit, au même titre que l’éducation et la santé. Elle participe pleinement au parcours de réinsertion d’une personne détenue. Dans certains établissements pénitentiaires, le théâtre s’immisce dans le temps d’incarcération et peut l’aider à se construire, à poser un projet de vie. Et s’il rendait l’incarcération plus humaine ?

Depuis 2014, l’auteur et metteur en scène Joël Pommerat intervient tous les mois à la Maison centrale d’Arles (Bouches-du-Rhône) en collaboration avec l’Administration pénitentiaire. Dans ce lieu des longues peines, avec un groupe de personnes détenues, il créé des spectacles.

Initier des projets culturels dans les établissements pénitentiaires se heurte souvent au désintérêt de l’Administration pénitentiaire pour la culture. Exaspérant !