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■ ACTU - Mobilisations • Le travail social dans la rue
- A Paris, 8000 manifestants ont marché jusqu’au ministère de la Santé et des Solidarités. (c) Maxppp-Bruno Levesque
« Jamais je n’avais vu une manif du social avec autant de monde ! », Olivier Pira délégué sud santé sociaux et membre du collectif le Social déchaîné a manifesté à Lille avec, selon les organisateurs, 4000 autres personnes. Ce 7 décembre restera dans les mémoires comme une journée de mobilisation historique du secteur. Au total, les collectifs et syndicats comptabilisent 53000 personnes dans les rues partout en France.
Centaine de rassemblements
Cette journée de mobilisation nationale du secteur social et médico-social s’est organisée à l’appel de plusieurs collectifs comme la commission de mobilisation du travail social d’Ile-de-France et de syndicats (Sud, CGT, FSU). Elle s’est aussi construite au fil des rencontres nationales du travail social en lutte dont la 7ème a eu lieu en octobre dernier. A Paris, 8000 personnes selon les organisateurs ont marché jusqu’au ministère de la Santé et des Solidarités. A Toulouse, Grenoble, Lyon, Nantes, notamment, les rassemblements ont réunis entre 3000 et 4000 personnes, toujours selon les syndicats. Au total une centaine de rassemblements, piquets de grève, mobilisations ont eu lieu partout en France.
Historique
Une mobilisation historique pour un secteur qui alerte depuis de nombreuses années et tente, sans grand succès, de se faire entendre. Protection de l’enfance, secteur du handicap, lutte contre la précarité, aide à la personne… partout les travailleurs sociaux ne cessent de dénoncer les conditions de travail et d’accueil des publics. Manifestations et grèves se sont multipliées ces derniers mois et cette mobilisation très importante pour le secteur marque le niveau de ras-le-bol des professionnels. « Souffrance au travail, mal-être, maltraitance, burn out, suicides… ce n’est pas seulement de perte d’attractivité dont souffrent nos métiers, c’est aussi de perte de dignité », souligne l’appel à mobilisation.
- A Marseille, près de 1000 manifestants étaient dans la rue selon les organisateurs. (c) Myriam Léon
Défendre les métiers
Tous revendiquent une revalorisation salariale au-delà des 183 euros du Ségur, à hauteur de 300 euros minimum. Tous craignent d’ailleurs que ces 183 euros soient conditionnés, s’ils les obtiennent, à une révision à la baisse de leur convention collective… Au-delà des revendications salariales, les professionnels réunis dans la coordination nationale du travail social en lutte dénoncent la dérive de leur secteur et appelle « à retrouver le sens de nos métiers », refusent « d’être des gestionnaires utilisés pour du contrôle social », alertent sur une marchandisation galopante du social et exigent « un accompagnement de qualité avec un financement à hauteur des besoins des personnes accompagnées ». Malgré l’ampleur de la mobilisation, la délégation parisienne a été reçue par deux administratifs. « Une insulte faite à l’ensemble des personnels qui étaient dans la rue », s’emporte Nathalie, assistante de service social à l’éducation nationale et syndiquée FSU. Un vrai risque politique aussi au regard du niveau de colère. Face à ce mépris, la délégation a choisi de claquer la porte.
A la suite de cette mobilisation, de nouvelles actions sont attendues jusqu’au 15 janvier, date présumée de la conférence des métiers de l’accompagnement social et médico-social annoncée par le premier ministre. Enfin, l’appel à une grande mobilisation, peut-être sous la forme d’une grève reconductible, se profile pour le 1er février.
Marianne Langlet