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★ INITIATIVES - Les CONFICLOWNS !

Clownenroute propose des ateliers, des stages clown-théâtre à des personnes issues d’établissements du secteur social et/ou médico-social. Cette pratique artistique les autorise à se révéler, se cacher, se surprendre. L’association crée des espaces de rencontres entre les personnes issues d’établissements scolaires, d’écoles de travailleurs sociaux … et du secteur spécialisé. En temps de confinement… elle s’adapte grâce à WhatsApp.

Mi-mars, on lève le nez un instant de notre train-train qui n’est jamais quotidien. On s’attend à ce ralenti étant donné la situation en France depuis quelques semaines : TCHCHCHCHCH ! Ça freine, les wagons tiennent, la locomotive s’arrête quelques minutes pour reprendre son souffle. Et oui ! « Que personne ne sorte du wagon », crie le chef de gare ! Nous sommes alors confinés. Ce n’est pas le Président de la république qui s’exprime mais le directeur de « Clownenroute ». Il vient nous signifier que le convoi ne s’arrête pas, l’association et tous les militants peuvent rester dans le train et réfléchir ensemble de chez eux, de leur compartiment, la fenêtre fermée, PRENDRE L’AIR autrement et maintenir la connexion entre les wagons et les passagers.

Mise en graine du CONFICLOWN
L’équipe des cheminots de Clownenroute, stagiaires / services civiques / salariés, mécanos, aiguilleurs, contrôleurs, conducteurs … crée le cahier de bord qui sera remis à chaque voyageur. Extrait : « L’idée est d’assurer une continuité du lien entre chaque personne qui gravite autour de Clownenroute, pour maintenir une forme d’ouverture sur la société, la vie de la / votre cité ».
« Ce confinement peut nous inviter à prendre le temps de regarder les choses différemment, de se regarder autrement, de faire un pas de coté comme votre clown ».
Trois personnes recentreront, réguleront les échanges WhatsApp si besoin… entre la recette de cuisine, les témoignages des professionnels, des habitants des institutions ou autre et l’angoisse, la peur que chacun peut nommer.
Le 20 mars TCHOUTCHOU ! le train Clownenroute repart à la conquête de nouvelles voies. Oyez, oyez voyageuses, voyageurs ; que ce soit un orteil, un talon, un seul pied ou les deux, l’engagement de chacun est extrêmement précieux. Nombreux sont les voyageurs qui affluent avec leurs valises, une véritable foir’fouille humaine : Professionnels du secteur social, médico-social, habitants d’institut thérapeutique, éducatif et pédagogique (ITEP), d’établissement et service d’aide par le travail (ESAT), d’institut médico-éducatif (IME), parents, étudiants, militants forment un sacré tohu-bohu. À ce jour soixante personnes dont six travailleurs sociaux représentant six compagnies de clowns (soixante-dix personnes) enflamment la Toile.
Les voyageurs postent, publient leurs recettes de cuisine, leurs talents de dessinateur, de jardinier, de photographe. Ils partagent des films, des solos clowns, leurs états d’âmes, leurs cœurs battants, leurs rires, cris, chants. Nous téléphonons à ceux qui n’ont qui n’ont pas accès à WhatsApp pour cueillir leurs voix, mots, peurs et les offrir à la Toile ; gagner ce lien qui nous lie et relie.
Convaincus de la nécessité des rituels pour favoriser l’expression via le clown, nous en créons pour ce voyage. Chaque jour nous avons « Corum 18 de Topi », témoignage de ce clown et de son aventure sur la planète Coronavirus. Des pelotes de fil rouge se déroulent : une histoire est contée par enregistrement, chacun s’il le souhaite peut venir ajouter ces péripéties virtuellement en s’enregistrant à son tour. C’est l’histoire de TchinTchin, un petit grain de poussière parti à l’aventure. Pour cette trouvaille, une dessinatrice est venue illustrer ce conte en image. Nous avons aussi le journal de Clownenroute que l’équipe publie tous les vendredis. Et chaque semaine le témoignage de deux professionnels et de deux personnes issues d’institutions spécialisées.
Sous le masque de la différence, des corps tordus, des hésitations angoissantes, des rires, de cet imaginaire étrange et si porteur, les passagers accèdent à des désirs, à la poésie, à toutes les surprises que révèlent la vie, à s’accorder avec ses voisins voisines avec comme support un mot, un soupir, un cri qui fait naitre le désir de rencontre de l’autre, les autres avec simplicité.
Habituellement les personnes planquées derrière leurs nez rouge laissent vivre leur clown, planquées derrière nos écrans a priori les personnes osent prendre l’air autrement et se donner peut-être un autre AIR de soi…
Les témoignages des professionnels ouvrent des voies et des réflexions d’autres airs possibles.
Dans le contexte actuel, par obligation, l’institution desserre son étreinte et semble permettre aux jeunes, aux adultes accompagnés d’inventer des ressources encore inimaginées.
Peut-être idem pour les professionnels, ceux-ci semblent trouver une autre proximité dans cette distance ? Un lâcher prise d’une prise en charge car peut-être moins l’institution sur le dos ?
Bien évidemment ne soyons pas dupes, les travailleurs sociaux interviewés sur notre Toile, leurs questionnements, leurs engagements ne sont peut-être pas révélateurs de l’ensemble de notre profession... Mais ça peut cheminer...
Idem pour toutes les personnes (qui peuvent accéder à WhatsApp) ne soyons pas dupes aussi. Vous vous autorisez à parler de vos passions, de vos craintes, vos blagues ; vous êtes actrices, acteurs de ce réseau et pour vous aussi cet engagement à penser par vous-même peut cheminer auprès d’autres personnes.
Continuons à cheminer et pour cela charbonnons ensemble.

Tchou tchou.
Suzanne Guiho et Guilhem Julien

clownenroute.com


LIEN SOCIAL n°1270 en accès libre