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► LE BILLET de Ludwig • Sonia

Elle dort dehors. Elle, c’est Sonia, 42 ans et plus toutes ses dents depuis son agression, il y a un an en pleine nuit, par trois individus ivres et violents. Depuis, de foyers en halte de nuit, elle ère à la recherche d’une place d’hébergement qui lui permettrait de dormir en toute sécurité.
Mais voilà que le gouvernement décide de supprimer sept milles places supplémentaires en hébergement d’urgence en 2023. Qui s’ajoutent ainsi aux sept milles places déjà supprimées depuis le mois de janvier 2022, alors initialement créées pendant la crise du covid. Une décision incompréhensible alors que s’aggravent la pauvreté et une augmentation des demandes d’hébergement d’urgence.
L’habitat est pourtant d’une importance existentielle, répondant d’une part aux besoins fondamentaux physiologiques de sommeil mais aussi de sécurité. Ce n’est pas moi qui le dis, c’est Maslow, appuyé par Virginia Henderson qui décrit les quatorze besoins fondamentaux de l’être humain. Parmi lesquels, les besoins de dormir, de se reposer, de maintenir la température du corps dans la normale, et d’éviter les dangers.
Oui, avoir un logement remplit bien des fonctions. L’espace personnel est important pour le bien être individuel et communautaire et un élément principal de la qualité de vie. Avoir un chez soi permet de s’isoler ou de se protéger de l’intrusion d’autrui. C’est occuper un espace, le marquer par une construction qui devient alors un « territoire du moi ». L’espace personnel est aussi une partie de l’espace qui entoure une personne, où toute pénétration peut être ressentie comme un empiètement de l’intime et de son espace sécure. Le chez soi permet à chacun de s’exprimer librement, sans contrainte. Ainsi, avoir un logement autorise ce qui est le plus personnel, le plus profond de soi, même dans les manifestations les plus extrêmes.
En France, loin de l’objectif hypocrite et mensonger d’un territoire à zéro SDF, le 115 est débordé. Sans solutions, les écoutants sont impuissants, craquent et l’on parle même de « panne historique » dans la construction de logements sociaux.
Le gouvernement actuel laisse mourir les indésirables, chasse sur les terres du RN en éventrant les tentes des exilés, organisant des rafles, poursuivant et harcelant toujours plus les populations les plus vulnérables.
Sonia, quant à elle, est bien loin de ces débats. Elle veut juste dormir, éviter de se faire violer, se poser enfin pour reconstruire sa vie via les dispositifs du logement d’abord, être accompagnée vers et dans le logement, pour peut-être, un jour, revoir son fils.
Un toit c’est un droit !