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► LE BILLET de Ludwig • Management : tous concernés ! (n°2)

Je tiens à prendre des pincettes. Mon propos n’est pas de taper gratuitement et simplement sur les hiérarchies lorsque je parle de souffrance au travail. Parce que cette souffrance est multifactorielle, les origines sont diverses et se croisent. Et que la hiérarchie n’est pas LA cause des violences institutionnelles, mais peut y participer. Les cadres intermédiaires, les membres de la direction, peuvent aussi tomber malade du travail.
Ainsi, l’une des violences institutionnelles est bien ce manque de reconnaissance de la part de(s) hiérarchies, quand elles n’entendent pas la souffrance du salarié, voir même lorsqu’elles y participent par leur mode de gouvernance, de management, entrainant le salarié dans la souffrance au travail, voir jusqu’au burn-out. Car s’il y a bien des causes organisationnelles, des facteurs de prédispositions individuelles, cela n’occulte en rien le rôle important des techniques de management et des mécanismes pathogènes.
Petit tour d’horizon pour la protection de soi. Dans le monde du travail (même social), les liens de subordination existent. Ils assoient des relations de pouvoir, et certaines attitudes liées à cette subordination sont pathogènes. Votre chef coupe systématiquement la parole ? On te tutoie sans réciprocité ? Même pas un bonjour le matin ? La communication est entravée ? Il se pourra aussi, à l’aide de tableurs, de protocoles, de directives, que l’on fasse fît de ton savoir-faire, que tu sois dépossédé de ton travail, alors organisé dans les bureaux d’étude où l’on pense à ta place. J’en parlais dans un précédent billet, mais les pratiques d’isolement, la casse du collectif de travail est une pratique bien établie, confrontant chacun à l’isolement, pouvant entraîner des états de détresses psychiques importants. Qui dit casse du collectif dit évaluation individualisée de vos objectifs, de vos suivis. Gare à la forte tête ! Le tout contrôle est aussi à l’œuvre, et la surveillance via les agendas partagés, les IENT (1) à remplir en temps réel pour tracer l’activité peut en devenir persécutoire. Bien sûr, certaines pratiques punitives détruisent la reconnaissance du travail et s’avèrent contre-productives, quand il s’agit de se justifier constamment. Je le disais, toutes ces nouvelles technologies de l’information nous envahissent, effacent la frontière entre le travail et la sphère privée et nous aliènent dans une accélération forcenée du temps. Applications d’emploi du temps installées sur son propre téléphone, mails invasifs, rappels à domiciles…
Tous ces facteurs cités plus haut, et rapidement, auxquels je rajouterais le management par la peur, la culpabilité, le harcèlement, les injonctions paradoxales, conduisent à l’épuisement et à la perte de sens et des valeurs de nos métiers de l’humain. Travailler en mode dégradé, sans possibilité de faire du travail de qualité, sans prise en compte de l’écart entre le prescrit et le réel, rend fou. Et conduisent à l’épuisement professionnel.
Je ne suis pas donneur de leçon, je veux juste aider, un peu, à protéger.


(1) Espace numérique de travail

- À lire ou à relire : ► LE BILLET de Ludwig • Management : ces petits chefs

Pour aller plus loin : archives