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► LE BILLET de Ludwig : C’est la rentrée !

Souvent attendue, ou redoutée, la rentrée est toujours singulière pour ces millions de petites têtes blondes (ou brunes, rousses, au choix !). Parmi celles-ci, comme on les appelle, les enfants placés.
Parce que ce jour-là, des milliers de gamins des foyers de l’enfance, ont pris eux aussi le chemin des écoliers. Avec un cartable déjà bien lourd. Le poids des mots ? Non, le poids de leur vie. Papa et maman à l’école en ce jour symbolique ? Eux ne connaissent pas ou plus, et s’en arrangent tant bien que mal. Pour certains, c’est peut-être mieux ainsi, fatigués, et comme le dit Boris Cyrulnik, « mort de dire la honte » de leur mère alcoolique, ou bien soulagés d’une journée sans cris ni coups de leur papa.
Et puis d’autres te diront leurs peines ou craintes d’être chaperonné par un éducateur. C’est la loose quand tu es ados ! « Bah ouais, tous les autres seront avec leurs parents et moi avec toi  », Et voilà comment se faire stigmatiser dès le premier jour. Il est écrit sur ton front « foyer »…
Alors réfléchissons différemment, et marchons à leur demande. Demandons leurs ce qu’ils en pensent, comment ils voudraient que ça se passe. Trois mètres derrière pour l’un, ou main dans la main pour un autre ? Quand bien sûr ils ne refusent pas de s’y rendre sous la tentation de tout abandonner, de laisser tomber tous les efforts entrepris jusque-là en vue d’une re-scolarisation par exemple. Un an, deux ans ou plus sans école et il faudrait que cela soit facile d’y retourner ? Alors on se prend la tête, on fait la morale et on gueule que ce n’est pas le jeune qui choisit tout de même ! Mais a-t-on pensé à appréhender leur refus d’obstacle ? Quand il est plus simple de rester dans l’échec que de tenter la réussite ? Quand on connait plus la relégation que la valorisation ? Quand réussir fait peur, les stratégies de l’échec font jour…
Et puis il y a toutes celles et ceux qui voudraient bien y aller, à l’école.
Oui, combien d’enfants issus des minorités, défavorisés, déplacés, handicapés, lésés…Tous ces jeunes exclus, en ce jour, de la rencontre de l’autre. Combien d’exclus du système scolaire, de cette école normative de la république où la prise en compte de la différence est parfois encore difficile, au vu des pauvres moyens saupoudrés ici et là ? Une collègue ES avait postulée sur un poste inclusif, super projet mais au final, les missions ont été réduites et il a été préféré un Moniteur éducateur. Economies.
A l’heure de relire la lettre de Jaurès aux instituteurs et institutrices, je ne peux m’empêcher de citer Victor Hugo : « Ouvrez des écoles, vous fermerez des prisons ». Dont actes.