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► FORUM - C’est quoi le problème, par Mélodie ? Claquer la porte

C’est l’histoire d’un mec, qui a claqué une porte, un jour, en réunion institutionnelle.
Il avait une bonne raison ? Oui. Les courants d’air ne détiennent pas le monopole des variations atmosphériques. Il faut dire que l’ambiance des lieux n’était pas au beau fixe. Chacun dégommait habilement les observations critiques de l’autre partie. De quelle autre partie s’agit-il ? Eh bien, dans cette institution, comme dans tant d’autres, deux mondes s’affrontent : l’éducatif et le médical ! Comment amener de l’eau au moulin, quand chacun veut être l’unique source à laquelle s’abreuver ? Ça énerve, ça fait ruminer, ça fait sortir de ses gonds et claquer la porte, pas assez fort d’ailleurs pour que ladite porte sorte des siens, mais suffisamment pour le faire licencier !
Ce jour-là, une grosse goutte a fait déborder le vase. La pensée et le bon sens ne trouvaient pas leur place et chacun s’arcboutait sur sa position. Le médical et l’éducatif montaient sur leurs grands chevaux, s’affrontaient sur le terrain boueux de la mésentente. Ça a dérapé face au ronron moutonesque de l’auditoire. Y’avait sujet à débattre pourtant, au lieu d’être en guerre. Bien sûr que c’était inacceptable que les enfants, au sortir du taxi, filent en rééducation sans passer par la « case » du groupe pour dire « bonjour », retrouver leurs copains, construire un sentiment d’appartenance, leur présenter le déroulement de la journée pour qu’ils puissent anticiper ce qui va se passer pour eux, les rassurer et les inscrire dans un espace-temps. Être rassemblés avant d’être dispatchés (oui, je sais, c’est un anglicisme à proscrire, mais il illustre admirablement ce que vivent certains enfants) est la priorité éducative. La priorité médicale est de « réparer » le corps de ces enfants.
Alors ? Comment travailler ensemble au service de ces petits qui ont besoin de tous les professionnels ? Car il est évident qu’ils ont besoin d’éducatif et de soins. Les querelles de chapelles encombrent, alors que le respect et l’écoute, de chacun dans sa fonction, ouvriraient de nouvelles perspectives, notamment celle du « travailler ensemble en bonne intelligence ». Et ça, ce serait une bonne nouvelle. Se rassembler autour de l’enfant éviterait justement qu’il s’éparpille un peu plus. C’est de « ça » dont il a le plus besoin : que les adultes s’entendent autour de lui. Enfin, je crois !
Bon, vaut mieux claquer une porte quand l’envie de claquer le beignet commence à démanger ! Mais l’idéal serait de gagner en patience pour dégoter des arguments bénéfiques pour le bien-être de l’enfant. Au cœur de la querelle, on oublie souvent que c’est pour lui qu’on se bat !
Pour la petite histoire, le mec licencié ne claque plus de porte. Il a tiré une leçon du sentiment d’injustice qui l’a poursuivi quelque temps. Il est parti avec une phrase terrible dans la tête : « Il ne peut pas travailler dans le milieu, car il a une sœur handicapée ! »
Mais c’est un autre débat !
À l’époque de la fessée interdite, y’a quand même des baffes qui se perdent ! Non ?