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■ ACTU - mobilisation nationale des SIAO

« Le logement d’abord est la seule réponse politique au sans-abrisme, mais le gouvernement considère que nous ne faisons pas partie des services sociaux. » Assistante sociale de formation, Angèle Garnier anime la plateforme territoriale d’accompagnement au logement d’abord du service intégré d’accueil et d’orientation (SIAO) des Bouches-du-Rhône. Comme ses collègues, elle n’a toujours pas obtenu les 183 euros net de la prime Ségur. « Les SIAO recrutent des personnes qui viennent du social pour faire la jonction entre travailleurs sociaux et opérateurs du logement. Cette exclusion revient à nous dire ‘’vous n’êtes pas des travailleurs sociaux’’. On ne choisit pas ce métier pour gagner de l’argent, mais la revalorisation du travail passe aussi par la rémunération. »

En première ligne face à la misère

Face à cette injustice, le SIAO 13 a décidé de débrayer les matinées du mardi 15 et du mercredi 16. Une action qui s’inscrit dans un mouvement national. Afin de faire valoir leurs revendications, mais aussi de faire mieux connaître leurs métiers, leurs engagements et leurs difficultés, les SIAO de France se sont mobilisés aujourd’hui en organisant des rassemblements avec d’autres exclus du Ségur, des débrayages, des « grèves des chiffres »... À Saint-Denis et à Paris, une journée portes-ouvertes destinée aux médias devait donner à voir leur quotidien.



Fin août, 77% des familles ayant sollicité le 115 sont restées sans solution. ©DR
Ces professionnelles portent notamment la responsabilité du 115, numéro d’urgence qui vient en aide aux personnes sans-abri ou sans-domicile. En septembre 2022, le 115 de Paris a reçu 304 752 appels (183 232 en septembre 2021), soit une moyenne de 10 158 appels par jours. Les opératrices ont pour mission première d’écouter, d’informer et d’orienter vers des places d’hébergement. Chaque jour, les écoutantes du 115 entendent le désarroi des personnes à la rue. Plongées dans la violence des parcours, elles doivent souvent répondre par la négative à la demande de mise à l’abris en l’absence de solutions de prise en charge.

Près de 1700 enfants laissés à la rue

Au-delà du Ségur, les salariées des SIAO tiennent donc à souligner l’insuffisance des places d’hébergement même si, sous la pression, le gouvernement a renoncé à en supprimer 7000 en 2023, après en avoir déjà fermé 7000 en 2022. Un minimum face à l’augmentation des appels au 115, du nombre de familles à la rue dont de nombreuses femmes sortant de maternité, de la réduction des partenariat hôtelier lié au JO 2024 et à une crise persistante de l’accès aux logements sociaux.

A la rentrée dernière, l’Unicef et la Fédération des acteurs de la solidarité attiraient l’attention sur la situation des enfants qui allaient se rendre à l’école après avoir passé la nuit à la rue ou dans des abris de fortune, près de 1700 d’après leur estimation. Les salariées des SIAO sont tous les jours en première ligne face à cet enracinement dans la pauvreté et attendent des réponses politiques, bien au-delà de la prime Ségur.

Myriam Léon


À lire aussi dans Lien Social n°1015 : SIAO, le pari de sortir les SDF de la rue et dans le n°1268 : Les femmes et les enfants à la rue