■ ACTU - Sans-abrisme : à Paris, le Samu Social sans présidence

Depuis octobre dernier, date à laquelle Éric Pliez a démissionné du poste de président du Samu Social de Paris pour rejoindre la campagne des Municipales, celui-ci est vacant. L’État et la Ville n’ont pas trouvé d’accord sur une nomination. Le premier appelle de ses vœux celle d’un haut fonctionnaire, la Ville celle d’une personnalité indépendante. « Si le Samusocial est un Groupement d’intérêt public (GIP), son président doit avoir une liberté de parole pour présenter de façon objective la situation du sans-abrisme  », estime Bruno Morel, directeur général d’Emmaüs solidarité.

Le GIP gère notamment le 115, organise des maraudes et ouvre des centres d’hébergement d’urgence. « Si l’État a fait un effort en matière de création de places d’hébergement, la question du sans-abrisme reste cruciale : en Ile-de-France, 47 % des appelants du 115 restent à la rue faute de solution  », poursuit Bruno Morel.
Les besoins sont importants et non pourvus. Nul ne peut chiffrer exactement le nombre de personnes sans-abri. La dernière enquête nationale de l’INSEE date de 2012.
Le 30 janvier, la troisième Nuit de la Solidarité à Paris permettra un décompte plus proche de la réalité : S’inscrire pour y participer

Dénoncer les étrangers

Les associations de lutte contre l’exclusion s’inquiètent aussi de l’intervention du ministère de l’intérieur dans la nomination du président du Samusocial de Paris. Il a contré celle de l’ancien directeur de l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra), critique sur la politique liée aux migrants. « Depuis deux ans, sous prétexte que les centres d’hébergement d’urgence comptent une proportion importante de personnes migrantes, ce ministère se croit autorisé à s’immiscer dans des politiques publiques qui ne le concernent pas, avec le risque de dérives que cela comporte  », alerte Florent Gueguen, directeur de la Fédération des acteurs de la solidarité (FAS). En effet, la majorité des familles (46 000 personnes, dont 22 000 enfants) hébergées par le Samusocial de Paris qui vivent à l’hôtel se trouvent dans une situation administrative précaire et les associations craignent que le Ministère de l’intérieur remette en cause leur droit à l’hébergement.

Depuis 2017, plusieurs circulaires (1) renforcent les pouvoirs de contrôle des étrangers par l’Office français de l’immigration et de l’intégration (OFII) et les préfectures dans l’hébergement généraliste. Elles appellent les professionnels à transmettre les listes des personnes hébergées demandeurs d’asile et les réfugiés. « Pour l’instant le 115 - Paris continue de pratiquer l’inconditionnalité de l’accueil mais ce principe fondamental de l’action sociale pourrait être remis en cause à l’avenir », craint Florent Gueguen.

(1) « Circulaire Collomb » du 12 décembre 2017 relative à l’examen des situations administratives dans l’hébergement ; Instruction interministérielle du 4 juillet 2019 relative à la coopération entre les services intégrés d’accueil et d’orientation (SIAO) et l’Office français de l’immigration et de l’intégration (OFII) pour la prise en charge des demandeurs d’asile et des bénéficiaires d’une protection internationale.

Retrouvez le dossier complet du numéro 1264 de Lien Social : tempête sur le 115

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