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■ ACTU - Rapport CGLPL : La réinsertion au placard

Des prisons et des centres de rétention administratif surpeuplés, des gardes à vues abusives, une psychiatrie en crise, partout des droits bafoués et des conditions d’enfermement déplorables.

Le dernier rapport de la contrôleuse générale des lieux de privation de liberté (Cglpl) est sans appel. « C’est triste à dire, mais surnage de ces constats, le sentiment d’un abandon de l’État. Des captifs, mais aussi des fonctionnaires chargés de les garder ou des équipes qui les soignent ou les accompagnent. En quelque sorte, on leur enjoint de se débrouiller. Les personnes qui gravitent dans les lieux de privation de liberté forment un peuple, un peuple négligé et désabusé », alerte Dominique Simmonot.



Avec un conseiller pénitentiaire d’insertion et de probation pour 60 à 80 personnes, la préparation à la sortie se fait à minima, un facteur de récidive. ©Myriam Léon

Parmi ses conclusions les plus préoccupantes, la réinsertion des détenus qui apparait comme négligée par l’administration, particulièrement pour les courtes peines d’incarcérations.

Les maisons d’arrêt surpeuplées à 140%

Elle observe des services pénitentiaires d’insertion et de probation (Spip) démunis face au surpeuplement des maisons d’arrêts, incapables de proposer un accompagnement adapté aux détenus, notamment à ceux souffrant de troubles psychiatriques et hospitalisés au sein des unités hospitalières spécialement aménagées (Uhsa).

« La qualité des dossiers n’est pas garantie, le temps manque pour programmer des entretiens. Il n’est pas rare, non plus, que les aménagements de peine ne permettent pas cet accompagnement », explique la contrôleuse.

L’année dernière, 91% des maisons d’arrêts étaient concernées par le surpeuplement. Par lettre du 30 novembre 2022, le ministre de la justice répondait aux observations de la Cglpl et soulignait la contribution « proactive » du Spip dans la prise en charge des détenus nouvellement arrivés au centre pénitentiaire.

Il indiquait que le renforcement de l’équipe des directeurs et conseillers d’insertion et de probation devrait permettre « une prise en charge plus efficiente des publics ». Sur le terrain, l’évolution se fait attendre.

Jérémie Rochas


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