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■ ACTU - RSA, sur le terrain la réforme laisse perplexe

« Si Pôle emploi ne recrute pas à tour de bras, cela risque de n’être que de l’affichage. » L’interrogation d’Annick Deschamps, référente RSA au sein de l’association lyonnaise AJ2 Permanence Emploi, est partagée chez les acteurs de terrain. Pour elle, l’urgence serait d’agir sur la lourdeur bureaucratique. « C’est de pire en pire. Il y a un tel travail administratif à fournir que c’est au détriment de l’accompagnement des personnes. »



L’État ne compense pas l’intégralité du versement du RSA (607,75 euros pour une personne seule), si bien que les départements rognent sur l’accompagnement social et professionnel.

Pour parvenir au plein-emploi d’ici 2027, Emmanuel Macron juge lui urgent de réformer l’accompagnement des bénéficiaires du revenu de solidarité active, jugé défaillant. Remis au Ministre du travail, le rapport guide de cette réforme (1) préconise l’inscription automatique auprès de France Travail (futur nom de Pôle emploi) de toutes personnes dépourvues d’emploi pour éviter qu’elles ne se retrouvent sans accompagnement.

Accompagner oui, mais par qui ?

Reste à recruter des agents compétents pour assurer les suivis de tous, y compris des personnes les plus éloignées de l’emploi. Le rapport préconise donc « d’investir (...) dans des parcours d’accompagnement intensifs, personnalisés et globaux, avec des portefeuilles restreints ». Limiter le nombre de suivis par conseillers alors qu’il y aura plus de personnes à suivre, c’est le nœud du problème pour les professionnels du secteur : quels moyens humains et financiers seront mis sur la table ?

L’autre préconisation, l’obligation pour les bénéficiaires du RSA qui le peuvent de réaliser 15 à 20 heures par semaine d’activités concourant à l’insertion, semble tout aussi éloignée des priorités. « Des heures d’activités hebdomadaires, ça peut être une bonne chose, mais nous travaillons dans un milieu rural, il n’y a pas de transports en commun, souligne Isabelle Le Bihan, directrice d’Isactys, structure de l’insertion par l’activité économique en Isère. Pour participer à un atelier, il faut déjà que la personne puisse s’y rendre, qu’elle puisse faire garder les enfants, etc. C’est sur ces freins qu’il faut agir. »

Thomas Sévignon

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