■ ACTU - Protection de l’enfance • Guide du déconfiné

Ce 11 mai, jour de déconfinement, le secrétaire d’Etat chargé de la protection de l’enfance, Adrien Taquet, présentait (enfin) le plan de déconfinement très attendu pour le secteur de la protection de l’enfance. « Loin de rassurer, la perspective du déconfinement inquiète les permanents de Lieu de vie et d’accueil, les assistants familiaux tout comme les autres acteurs de la protection de l’enfance car elle est synonyme d’augmentation des demandes d’accueil souvent en urgence », prévenait dès le 4 avril, la fédération nationale des lieux de vie et d’accueil dans un courrier au ministère. L’augmentation de 90% des appels au 119 observée entre le 13 et le 19 avril annonce la dégradation des situations familiales pendant le confinement. Les acteurs du secteur l’observe déjà : le déconfinement qui s’amorce sera accompagné d’une forte demande d’accueil alors que, bien avant cette crise sanitaire, ce secteur alertait sur la dégradation de ses conditions d’accueil et de travail….

Tests, masques et gels

Le plan rappelle que le déconfinement doit être progressif, adapté à la situation sanitaire des départements. Il tente de répondre à une inquiétude du secteur : la crainte de voir arriver, avec l’augmentation des accueils d’urgence, des jeunes porteurs du Covid dans des structures jusqu’alors préservées. Certains professionnels demandent un test PCR avant l’arrivée du jeune dans son lieu d’accueil. Le plan ne prévoit ce test que si l’enfant présente des symptômes. S’il revient positif, la recherche de cas contacts sera alors effectué et le jeune isolé selon des modalités proposées dans le guide.

Le port du masque est recommandé pour les professionnels mais pas obligatoire. Une façon de se dégager les départements de leur obligation de fournir des masques aux structures de la protection de l’enfance ? « Sur divers départements, nos employeurs n’ont engagé aucune protection, ni masques, ni gel…. Et rechigne en plus à nous rembourser si nous faisons nous même les achats pour nous protéger, nous et les enfants accueillis », tweete le syndicat professionnel des assistants familiaux. Le masque n’est pas recommandé pour les enfants protégés mais il peut être proposé aux adolescents lorsque le respect des gestes barrières s’avère difficile, précise le plan.

Jeunes isolés

Autre grande inquiétude : la prise en charge des jeunes majeurs. Le plan prévoit la prolongation de deux mois de l’article 18 de la loi d’urgence sanitaire qui empêche toute fin de prise en charge des jeunes de moins de 21 ans par les départements. « Malheureusement rien n’a été prévu pour ces derniers lorsque leur minorité a été contestée par un conseil départemental avant le début du confinement, souligne le Gisti. Il ou elle doivent attendre, le plus souvent dans la rue ou dans des squats, qu’un ou une juge des enfants veuille bien statuer sur leur demande ». A Paris, alerte l’association, une centaine de mineurs seraient dans cette situation sans aucune prise en charge et sans perspective de voir leur recours rapidement étudié vu la baisse d’activité liée à la crise du tribunal pour enfant. Après une bataille devant la justice, la ville de Paris a finalement été contrainte, par une ordonnance du 15 avril, d’ouvrir un lieu d’hébergement … dans un gymnase. Inacceptable, tranche le Gisti, qui accompagne une nouvelle saisine de la justice pour exiger une prise en charge adaptée, en hébergement individuel, répondant aux exigences liées à la crise sanitaire.