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■ ACTU - Naufrage dans la Manche : des familles endeuillées pointent l’inaction des secours

Dans la nuit du 24 novembre 2021, 27 personnes avaient péri dans un naufrage en tentant de rejoindre l’Angleterre. Plus d’un an après, leurs proches placent les autorités devant leur responsabilité et demandent réparation.

Une « inaction fautive » : c’est ce que dénoncent trois familles qui demandent réparation auprès de l’État français après le décès de leurs proches dans le naufrage du 24 novembre 2021.



Chaque nuit de la semaine dernière, entre 50 et 200 personnes ont tenté la traversée de la Manche au risque d’y périr. ©Jérémie Rochas

Cette nuit-là, 27 personnes avaient trouvé la mort en tentant de rejoindre l’Angleterre depuis Calais sur un bateau pneumatique, le plus lourd bilan jamais enregistré dans la zone. Le drame, très médiatisé, avait obligé les responsables politiques des deux côtés de la Manche à s’exprimer sur ces traversées. « La France ne laissera pas la Manche devenir un cimetière », avait réagi immédiatement Emmanuel Macron.

Secours contactés à 14 reprises sans déclencher le sauvetage

Pourtant, c’est bien la responsabilité des pouvoirs publics qui est pointée dans la demande d’indemnisation déposée par les trois familles, accompagnées de la Ligue des Droits de l’hommes et d’Utopia 56, également requérantes.

Les éléments de l’enquête sont accablants : ils dévoilent que les secours avaient été contactés à 14 reprises sans qu’aucune opération de sauvetage ne soit déclenchée. Les mots prononcés par l’opératrice du Centre régional opérationnel de surveillance et de sauvetage (Cross) avaient aussi créé un profond malaise : « Ah bah, t’entends pas, tu seras pas sauvé. » « J’ai les pieds dans l’eau » s’alarmait alors la personne en détresse. Réponse de l’opératrice : « Bah je t’ai pas demandé de partir. »

Les avocats des familles précisent que cette demande, complémentaire à la procédure pénale, est d’abord symbolique. Les familles, originaires d’Irak, d’Iran et d’Érythrée souhaitent avant tout que soient reconnues les défaillances du système de sauvetage qui ont couté la vie à leurs proches.
En attendant, les traversées, toujours aussi dangereuses, continuent. Selon le décompte tenu par les autorités anglaises, entre 50 et 200 personnes ont tenté chaque nuit la traversée, la semaine dernière.

Rozenn Le Berre

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