L’Actualité de Lien Social RSS


■ ACTU - Meurtre d’une assistante sociale • Vive émotion et lourd silence

Audrey Adam travaillait au conseil départemental de l’Aube. Mercredi 12 mai, cette assistante sociale de 36 ans a été tuée dans l’exercice de ses fonctions alors qu’elle rendait visite à un octogénaire qui l’a assassinée avant de se donner la mort. Dans la profession, l’émotion est immense. Sur son site, l’association nationale des assistants de service sociale (ANAS) a ouvert un espace où les professionnels peuvent venir déposer leurs réactions et saluer la mémoire de leur consœur.

Au-delà de l’émotion et des condoléances, beaucoup s’interrogent sur l’absence de réaction à ce drame. « Le silence autour de ce drame est assourdissant », écrit l’assistante sociale Béatrice Gautheron Dechamps sur le site. « Je regrette beaucoup le silence des médias », poursuit Cristina de Robertis qui s’interroge sur le deux poids, deux mesure au regard du déferlement médiatique qui a suivi la mort du policier tué à Avignon. L’Uniopss rappelle « que les travailleurs sociaux exercent un métier difficile dont la reconnaissance publique est faible parfois inexistante ».

« Personne ne devrait mourir en effectuant son métier », réagit à son tour le syndicat FSU qui souligne que la crise sanitaire et le climat anxiogène qui l’accompagne « ont dégradé l’état psychologique, économique, social de la population » et que « partout sur le territoire la charge de travail des assistants sociaux, des travailleurs sociaux explose ». Le syndicat attend un « geste fort du gouvernement » pour rendre hommage à leur collègue. Le syndicat national unitaire des assistants sociaux de la fonction publique estime que le peu de réaction à ce drame « témoigne du travail toujours maintenu dans l’ombre de ces professionnels engagées au quotidien auprès des populations les plus en difficultés ». Et juge « révoltant » l’absence de déclaration du gouvernement. « De nombreux travailleurs sociaux doivent faire face aux menaces de mort avec pour seule protection leurs compétences et leur courage pour dénouer des situations de crise. Mais qui le sait et surtout qui le dit et le reconnaît ? », souligne le syndicat.

« Il est à peu près certain que le gouvernement et le chef de l’Etat ne verront pas la nécessité d’une cérémonie nationale en hommage ou minute de silence à cette professionnelle exécutée dans l’exercice de sa mission », réagit le travailleur social Yves Faucoup, sur son blog. Son message a été partagé des milliers de fois, majoritairement par des travailleurs sociaux. A son tour, Didier Dubasque, assistant social et ancien président de l’ANAS, s’interroge sur son blog sur le dénuement des travailleurs sociaux face à la violence : « Dans certaines situations, c’est insoupçonnable alors que dans d’autres des signes sont donnés. Mais comment prévenir de tels risques ? ». Il appelle à un soutien des professionnels et à des formations spécifiques « sinon ce sera la peur qui dominera au détriment de la confiance et du vivre ensemble ». « Cette tragédie conforte l’idée que notre profession est essentielle mais comporte des risques », souligne Cristina de Robertis sur le site de l’ANAS. « Au delà de ma sidération et de mon émotion, je veux juste ne pas me perdre dans un repli cherchant une sécurité qui ne peut être garantie, pour penser ce qui fait l’essence de cette profession », écrit l’assistant social et également ancien président de l’ANAS, Laurent Puech sur le même site.

L’ANAS propose une minute de silence virtuelle et collective à partager sur les lieux de travail ce lundi 17 mai.