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■ ACTU - Logement social • L’exclusion des plus pauvres

« Plus on est pauvre, moins on a de chance d’obtenir un logement social », Manuel Domergue de la Fondation Abbé Pierre résume ainsi le constat fait depuis des années par les acteurs de terrain. Pour vérifier cette observation empirique, six associations (Secours catholique, Habitat et Humanisme, Fondation Abbé Pierre, association DALO, ATD-Quart Monde, Solidarité nouvelles pour le logement) dévoilent une étude menée par des chercheurs qui confirment le constat. Les résultats frappent : un demandeur de logement social qui touche 700 euros par mois a 20% de moins de chances, toutes choses égales par ailleurs, d’obtenir un logement social qu’un demandeur aux revenus de 1700 euros par mois.

Sur les deux millions de personnes qui sont en attente de logement, la moitié sont sous le seuil de pauvreté. Or, les personnes qui ont un niveau de vie sous le seuil de pauvreté ont moins de chance d’avoir un logement social que les personnes situées au-dessus du seuil. Les mécanismes d’exclusion de ces ménages sont multiples, souvent ils sont écartés avant même les commissions. « L’absence de dispositifs priorisant spécifiquement le critère des faibles ressources est un angle mort du système », signale l’étude. Les professionnels sont parfois eux-mêmes à l’origine de ces mécanismes : « On ne va pas proposer certains candidats car on sait que le bailleur ne les acceptera pas », reconnaît un salarié du service logement de la ville de Paris. Le rejet de ces demandes au sein des commissions s’explique enfin par une offre de logement social trop faible et avec des niveaux de loyers trop élevés.

Les associations portent 15 propositions, certaines sont classiques et anciennes comme l’accélération de la construction de logements très sociaux. D’autres sont plus nouvelles, l’une représente, selon Véronique Fayet du Secours catholique, « une petite révolution culturelle » : expérimenter un loyer adapté aux ressources des ménages. L’approche classique de recherche des locataires correspondant aux exigences du logement s’inverserait : les acteurs partiraient de la situation des familles pour trouver le bon logement et adapter sa quittance à ses ressources. Autre proposition : la mise en place d’un fonds public permettant de faire baisser ponctuellement certain loyers pour faire accéder les personnes actuellement dans l’hébergement. L’urgence d’agir est grande : le 10 juillet l’état d’urgence sanitaire prendra fin et des milliers de personnes risquent de se retrouver à la rue.