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■ ACTU - Jeunes majeurs • Baisse des prises en charge

Une étude détaillée sur l’accompagnement des jeunes de l’aide sociale à l’enfance entre 16 et 21 ans, commandée par la direction générale de la cohésion sociale au cabinet Asdo dans le cadre du plan pauvreté, confirme la baisse du taux de prise en charge après 18 ans et les grandes disparités entre départements.

Si les accueils provisoires jeunes majeurs (APJM), c’est-à-dire le placement, constituent encore le socle de l’accompagnement, le taux de prise en charge baisse. En 2018, seuls 36% des jeunes majeurs de 18 à 21 ans relevant de l’aide sociale à l’enfance obtiennent une prise en charge contre 56% cinq ans plus tôt. Cette moyenne cache de grandes différences entre territoires : certains départements offrent moins de 20% de prise en charge quand d’autres, minoritaires, en proposent plus de 60%. Des inégalités essentiellement liées aux « choix politiques des départements », observe l’étude, même si l’augmentation du nombre de jeunes éligibles à des contrats est une réalité, notamment des mineurs non accompagnés qui, dans 17 départements, représentent plus de la moitié des APJM. Le volume des APJM a donc bien augmenté dans 30% des départements mais moins que les demandes.

Une aide « qui se mérite »

L’étude observe des politiques plus ou moins restrictives d’accès aux contrats jeunes majeurs (CJM). De nombreuses collectivités imposent de justifier d’un projet étayé et d’une forte motivation. Le CJM n’est plus un droit mais une aide « qui se mérite » avec des contrats souvent très courts. Autre constat : la préparation à l’autonomie des jeunes entre 16 et 18 ans reste encore très inégalement organisée selon les départements. Et le revers de cette « préparation à l’autonomie », qui vise à accélérer l’indépendance financière, est qu’elle a souvent pour objectif de « limiter l’accès aux APJM », souligne l’étude.

La volonté d’orienter ces jeunes vers des dispositifs de droit commun est fréquemment mise en avant « pour justifier la baisse de prise en charge des jeunes majeurs ». Mais sur le terrain, « seul un département sur dix a signé, comme le prévoit la loi de 2016, un protocole de coordination avec ses partenaires » en matière de logement, d’insertion professionnelle, de santé, etc. La prise de relais par le droit commun reste donc loin d’être effective et révèle le besoin d’un étayage spécifique pour ces jeunes.