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■ ACTU - Hébergement • Une loi de programmation pour sortir de l’urgence

A l’issue d’une semaine de débats intitulée "de la rue au logement", la fédération des acteurs de la solidarité (FAS) a demandé l’adoption d’une "loi de programmation pluriannuelle", qui apporterait aux associations "des moyens budgétaires dans la durée, et un cadre d’action contractualisé avec l’Etat". Cela permettrait de "répondre structurellement" au problème du sans-abrisme plutôt que dans l’urgence. La fédération demande également la "reconnaissance du travail social", une "politique active de logement social", et "une prise en charge adaptée" des personnes sans titre de séjour.

Construire du logement très social

Ces propositions de la FAS, réunies dans un manifeste, reprennent les différentes problématiques soulevées lors des débats. La "panne du logement social" a été pointée du doigt : "Il faut du logement très social, du "PLAI", abordable pour des personnes au RSA. Aujourd’hui beaucoup de villes refusent de créer du PLAI et l’Etat n’est pas mobilisé. L’Etat est prêt à payer 100€ par nuit une chambre d’hôtel alors qu’un loyer en PLAI est de 400€ par mois", souligne Emmanuelle Cosse, présidente de l’union sociale pour l’habitat.

Reconnaître le travail social

L’accompagnement social est également insuffisant : "Le prix de journée des associations doit leur permettre de faire de l’accompagnement social", exhorte Pascal Brice, président de la FAS. Cet accompagnement se heurte par ailleurs au statut administratif des personnes : "La moitié des hébergements sont occupés par des personnes ni expulsables, ni régularisables", souligne Bruno Morel, directeur général d’Emmaüs solidarité. "Le droit au séjour est bloqué, ces personnes devraient être dans des structures spécialisées ou dans le logement", ajoute Pascal Brice.

Sortir de l’urgence

La ministre du Logement, Emmanuelle Wargon, qui concluait les débats, s’est dit favorable à cette loi de programmation : "Il faut sortir de la culture de l’urgence, (...) partir de la cible pour définir les moyens, (...) soutenir une vision à moyen-long terme". Concrètement : "Définir le nombre de places" nécessaires, avoir un accompagnement "systématique et mieux financé", "intensifier l’effort sur le logement d’abord, par la construction de logements très sociaux et l’intermédiation locative". La ministre soutien également "une réforme des services intégrés de l’accueil et de l’orientation (SIAO)", avec "150 postes supplémentaires en 2021".

Réforme du SIAO

"Le SIAO doit être la clé de voûte du nouveau service public de la rue au logement et bénéficier de moyens supplémentaires", abonde Sylvain Mathieu, délégué interministériel à l’hébergement et l’accès au logement (DIHAL). Ce nouveau service public, effectif depuis le 1er janvier 2021, "doit favoriser la mobilisation de tous les acteurs : Etat, collectivités, bailleurs, associations, CAF, acteurs de la santé, ajoute-t-il, dans la réforme des SIAO que l’on souhaite, il faut organiser cette gouvernance".

Mariette Kammerer