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■ ACTU - Hébergement d’urgence • L’après crise.

Le 10 juillet approche. Cette date charnière soulève de nombreuses questions pour les personnes à la rue hébergées pendant l’état d’urgence sanitaire qui prend fin à cette date. « Nous sommes inquiets », souligne Christophe Robert de la Fondation Abbé Pierre, membre du collectif des associations unies réuni ce jeudi pour questionner l’après crise sanitaire.

Pendant le confinement, les 14 000 places du plan hivernal ont été prolongées et 21 000 places ouvertes pour répondre à l’urgence sanitaire. « Un effort significatif », souligne Florent Gueguen de la Fédération des acteurs de la solidarité qui s’est traduit par une forte diminution des appels au 115, « De mars à mai, c’est 70% d’appels en moins et quasi aucune demande non pourvue à Paris par exemple alors qu’avant le confinement il y avait une crise structurelle et beaucoup de familles avec enfant ne trouvaient pas d’hébergement ».

Pour lui, cela montre qu’il n’y a pas de fatalité. « Quand il y a une volonté politique d’ouvrir des dispositifs, quand un travail partenarial est mené sur les territoires avec les associations pour que les personnes soient hébergées, accompagnées, quand il y a un système de vigilance pour que chaque personne se voit proposer une solution, on arrive à diminuer le nombre de personne à la rue ».

Date pivot

La menace du 10 juillet inquiète les acteurs de terrain qui appellent à prolonger l’effort pour éviter le retour au monde d’avant. Le ministère du Logement semble avoir devancé l’alerte puisque ce même 2 juillet il annonçait une circulaire aux préfets pour que toutes les places ouvertes soient maintenues « tant que des solutions alternatives ne seront pas trouvées ». « La fermeture de places devra être conditionnée à des solutions de relogement », indique Julien Denormandie. De même, la circulaire demandera aux préfets que les procédures d’expulsion locative « soit adossée à des propositions de relogement opérationnelles ».

Si le collectif des associations unies « prend acte de cette volonté politique forte », il s’interroge sur son application concrète sur le terrain : « A Paris, par exemple, 2000 places sont menacées de fermeture et pour l’instant nous ne savons pas par quoi elles seront remplacées », avance Florent Gueguen. L’inquiétude se porte aussi vers ceux qui sont toujours sans solution. A Bordeaux, Florence Lamarque, responsable du Samu social, observe l’arrivée à la rue de ceux qui subissent de plein fouet la crise : travailleurs pauvres, saisonniers ou intérimaires qui vivent souvent dans leur camion ou leur voiture. « Ils sont d’autant plus invisibles qu’ils ne veulent pas se montrer et n’appellent pas le 115 », souligne Florence Lamarque.

Sortir de l’urgence

Au-delà de l’ouverture de places d’urgences, le collectif souhaite une réflexion sur des réponses pérennes, notamment en donnant plus de moyens à la politique dite du Logement d’abord. « Il faut des solutions dignes et durables et pas simplement des nuitées d’hôtel qu’on va fermer et ouvrir en fonction des températures l’hiver et désormais de la survenue de virus », insiste Christophe Robert de la Fondation Abbé Pierre. Le collectif Alerte à son tour réclame des mesures significatives pour répondre à la crise sociale qui se profile : revalorisation et ouverture du RSA au moins de 25 ans mais aussi suppression des freins à l’application du DALO, sécurisation de l’aide alimentaire pour que la « reconstruction sociale et solidaire » annoncée le 14 juin par le Président, Emmanuel Macron, « se traduise effectivement en actes ».