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■ ACTU - Handicap : solitude et précarité

« Comment vivent les personnes handicapées ?  », interroge une étude de la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees) publiée le 11 février (1). « Mal !, résume Arnaud de Broca, président du collectif Handicaps qui regroupe cinquante associations. Les résultats de cette étude – qui ne nous surprennent pas – révèlent une situation édifiante et des inégalités à tous points de vue : ressources, santé, isolement, accès à la culture ou au sport. Elle pointe une vraie difficulté à faire évoluer la situation des personnes handicapées depuis des années. » Sans compter que la Dress a recueilli ces données en 2018, soit avant la crise sanitaire. « Le tableau est vraiment très noir  », insiste Arnaud de Broca.

Pauvreté

Au-delà de la pauvreté monétaire - 19 % des personnes en situation de handicap vivent dans un ménage dont le niveau de vie est inférieur au seuil de pauvreté, contre 13 % dans l’ensemble de la population -, l’étude a étudié la « pauvreté en conditions de vie » (privation ou renoncement à certains biens ou équipements faute de moyens financiers). Cette forme de pauvreté touche près de trois personnes handicapées sur dix, contre un peu plus d’une sur dix dans la population générale.
Une pauvreté aujourd’hui encore sur le devant de la scène puisque le 18 février, Sophie Cluzel, secrétaire d’État chargée des personnes handicapées, a renouvelé son opposition à l’individualisation de l’Allocation aux adultes handicapés (AAH) devant le Sénat. Celui-ci doit examiner une proposition de loi qui vise à supprimer la prise en compte des ressources du conjoint pour le calcul de cette allocation. Les associations sont stupéfaites : «  cette position est incompréhensible face à l’élan citoyen qui soutient cette demande fondamentale », a notamment réagi AFP France handicap.

Santé et vie sociale dégradées

Les personnes handicapées présentent aussi des indicateurs de santé dégradés par rapport à l‘ensemble de la population, avec des difficultés à accéder aux soins (refus de soins, renoncement). Leur vie sociale, sportive, culturelle, citoyenne est moins riche que celle des autres. Celles âgées de moins de 65 ans par exemple, pratiquent moins souvent une activité sportive ou culturelle. Elles participent également un peu moins souvent à la vie associative ou citoyenne, mais sont davantage impliquées dans le domaine syndical lorsqu’elles occupent un emploi. Elles sont plus souvent isolées de leur famille et de leurs amis que l’ensemble de la population.

Plus de déprime

Jeunes et moins jeunes – la Dress a interrogé des personnes âgées de 16 ans et plus - rapportent davantage d’émotions négatives que l’ensemble de la population : 26 % se disent « pessimistes » ou « découragées » (contre 11 % dans le reste de la population) ; 19 % « déprimées » (contre 7 % dans la population). Elles sont enfin plus nombreuses à ne pas se sentir intégrées à la société. Pourquoi de tels écarts ?
« Les personnes handicapées ont moins accès à l’emploi, avec un taux de chômage deux fois supérieur à celui de la population nationale. Une situation liée à leur manque de formation et à l’image du handicap sur le marché du travail. Elle explique que leurs ressources soient plus faibles.  » Le manque d’accessibilité, dans les transports, les lieux culturels, de loisirs et de sport ne favorise pas les sorties ; la difficulté d’accès au logement freine leur vie sociale. « L’étude met en avant ce que dénoncent les associations : une situation compliquée qui appelle des réponses plus fortes », conclut le président du Collectif Handicaps.

Katia Rouff

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(1) Comment vivent les personnes handicapées. Les conditions de vie des personnes déclarant de fortes restrictions d’activité, Eva Baradji, Laurence Dauphin, Jean-Sébastien Eideliman, les dossiers de la Dress, n° 75.
Comme vivent les personnes handicapées ? (solidarites-sante.gouv.fr)

À lire
Handicap moteur. Sos médecins, Lien Social 1244.