■ ACTU - Formation • Interrogations en contrôle continu


« Une situation ubuesque et inique », l’inter régionale des formatrices et formateurs en travail social (L’IRE) ne décolère pas. La décision de l’Etat, annoncée le 20 avril via un courrier aux directions d’école, d’annuler toutes les épreuves orales et écrites pour tous les diplômes délivrés en 2020 en les remplaçant par un contrôle continu soulèvent de nombreuses questions. La toute jeune fédération nationale des étudiants en milieu social (FNEMS) a envoyé un questionnaire aux étudiants suite à cette annonce pour recueillir leurs réactions. Elle a reçu 800 réponses qui révèlent beaucoup d’inquiétudes : « Sur quels critères d’évaluation s’appuiera le contrôle continu ? », « Y aura-t-il un cadrage nationale ou des modalités selon les écoles ? », « Les étudiants seront-ils informés de ces critères d’évaluations ? », « Les dossiers rendus avant le confinement seront-ils pris en compte ? ».

Travailler pour rien ?

Thouraya Saïd, étudiante en troisième année d’éducatrice spécialisée et membre du comité de mobilisation des étudiant.e.s en travail social a rendu son mémoire, sur lequel elle a planché pendant plusieurs mois, la veille de l’annonce gouvernementale. Elle s’interroge : est-ce que ce dossier sera pris en compte ? La foire aux questions, publiée par le ministère une première fois le 28 avril et immédiatement corrigée le 29, donne une réponse pour les étudiants qui n’auraient pas pu rendre leurs travaux du fait du confinement : « L’étudiant n’a pas l’obligation de restituer à l’établissement de formation les productions personnelles initialement prévues ». Mais rien pour ceux qui l’aurait rendu pendant cette période. Par ailleurs, elle indique qu’aucune forme d’évaluation pendant le confinement ne sera prise en compte. Est-ce que cela signifie que les étudiants auront travaillé pour rien ?

Pour L’IRE, il s’agit « d’un manque de considération pour le travail réalisé : des écrits de certification préparés depuis des mois ne seront ni lus, ni évalués ».

Textes officiels

Les directions d’école attendent désormais les textes réglementaires pour y voir plus clair. L’IRE dénonce « le flou total et l’injustice inéluctable sur les modalités de cette évaluation : des travaux effectués en cours de formation doivent tout à coup se transformer en notes délivrant un diplôme d’Etat ! ». L’absence de tout regard extérieur risque d’engendrer de nombreuses inégalités et transformer un diplôme d’Etat en diplôme d’une école, jugent ces formateurs. Interrogée par Lien Social, la Direction générale de la cohésion sociale explique répondre dans un premier temps à ces interrogations par sa « foire aux question ». « Dans un deuxième temps, il est prévu de publier des textes de nature réglementaire qui viendront cadrer juridiquement ces modalités de certification. Des documents annexés serviront de guide pour les établissements de formation et les jurys ». Aucune précision de date.