■ ACTU - Expulsions • En hausse avant la trêve

« Hier soir, un bébé d’un an et trois mois a passé la nuit dehors, dans un parc, ses parents essayant désespérément de joindre le 115. Le bidonville où ils vivaient à Saint-Denis avait été expulsé le matin même », tonne le collectif national droit de l’homme Romeurope le 23 octobre. La veille, un bidonville d’environ 400 personnes venait d’être démantelé à Saint-Denis ; seules quelques familles étaient orientées vers le 115.

La crise sanitaire n’empêche pas les expulsions. A quelques jours de la trêve hivernale fixée le 1er novembre, plusieurs associations alertent. Malgré la prolongation de la trêve jusqu’en juillet pour cause de crise sanitaire, malgré les instructions ministérielles demandant aux préfets de ne pas expulser les personnes sans solution de relogement, elles se sont poursuivies. L’approche du 1er novembre les a même accélérées.

à la rue

Dans une lettre ouverte aux préfets de Pays de Loire, le collectif Alerte dénoncent le 27 octobre les expulsions de plusieurs lieux de vie informels, notamment un bidonville de personnes roumaines à Saint Barthelemy d’Anjou, deux squats à Angers. A Rezé et à Nantes, l’expulsion de deux autres squats a été réalisé « sans qu’aucune coordination des acteurs n’ait eu lieu pour mener une évaluation sociale préalable et orienter vers les dispositifs d’hébergement existants », affirme le collectif. Les personnes se sont retrouvées à la rue. Alors que la crise sanitaire menace les plus fragiles, « ces opérations vont à l’encontre des engagements et textes adoptés par les pouvoirs publics pour protéger la population et les personnes les plus vulnérables », tempête le collectif.

Bombe à retardement

La fondation Abbé Pierre déplore « un manque flagrant de solutions à long terme ». Il pronostique une explosion des mesures d’expulsion dans les mois à venir face aux impayés de loyers dus à l’augmentation de la pauvreté. Face à cette « bombe à retardement », il appelle les pouvoirs publics à la création d’un fonds d’urgence au paiement des loyers et des charges, de minimum 200 millions d’euros et la mise en place d’un plan d’urgence pour prévenir les expulsions de 100 millions d’euros. Dans sa lettre ouverte, le collectif Alerte Pays de Loire demande l’arrêt des opérations d’expulsion et des solutions d’hébergement pour toute les personnes à la rue ou vivant dans des lieux informels.