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■ ACTU - Département du Nord • Les allocataires du RSA dans le viseur

« Travailleurs sociaux, ne les laissons pas faire de nous des contrôleurs de gestion ou des flics ! » L’alerte, adressée aux travailleurs sociaux accompagnant des personnes allocataires du revenu de solidarité active (RSA) dans le département du Nord, émane du syndicat Sud. En cause, un mail reçu par les agents des unités territoriales de prévention et d’action sociale (UTPAS) les invitant, dans un délai très court, à « faire remonter le nom des personnes » ne respectant pas leur CER.

Le CER ? Le Contrat d’engagement réciproque. C’est ce document, signé par les allocataires du RSA, qui les lie au Conseil départemental et à Pôle Emploi. Il s’agit, pour « mériter » son allocation, de faire preuve de sa volonté de retour à l’emploi. Absences aux rendez-vous ou absences de candidatures peuvent ainsi valoir aux allocataires une suspension des aides.

Chasse aux pauvres

Début octobre, face à l’augmentation des nouvelles demandes de RSA liée à la crise sanitaire, le Conseil départemental du Nord a procédé à un sévère tour de vis. Objectif, contrôler massivement pour pouvoir réduire le nombre d’allocataires. « D’habitude, on accompagne entre 100 et 110 personnes chacun, ce qui est déjà énorme, témoigne une travailleuse sociale. Mais depuis trois semaines, on a été sollicité par un nouveau public allocataire, inconnu des services sociaux et faisant la demande d’un accompagnement au risque d’une sanction. »

Des personnes qui n’avaient pas été accompagnées depuis des années se voient tenues de répondre en urgence à des rendez-vous. D’autres entrent dans le collimateur du Département alors que, selon cette assistante sociale, elles ont pu avoir des difficultés à joindre les services. « Elles n’ont pas respecté leurs engagements, mais c’est un peu de notre faute : nous avons été disponibles uniquement par téléphone pendant le confinement, et les rendez-vous n’ont pu reprendre que de manière très restrictive à partir du mois d’août. »

Si les contrôles des allocataires sont réguliers, l’ampleur de cette nouvelle vague et l’implication des travailleurs sociaux choque une partie des équipes. En pleine crise sanitaire et économique, cette « chasse aux pauvres » interpelle. « Nous sommes déjà dans une crise importante, se désole l’assistante sociale. Les gens sont très précaires, vivent dans des logements minuscules pas du tout adaptés à leur situation familiale. Et on vient encore leur taper dessus en nous demandant de les balancer…ça me met vraiment en colère. »