L’Actualité de Lien Social RSS


■ ACTU - Centre éducatif fermé • Fermeture à Marseille

Le 25 novembre, l’un des deux centres éducatif fermé (CEF) de Marseille se voit frappé d’un « arrêté de cessation temporaire d’activité » de six mois. Révélée par le journal d’investigation Marsactu, cette décision du préfet fait suite à la plainte pour agression sexuelle d’une adolescente placée dans l’établissement. Elle dit avoir été agressée à plusieurs reprises par d’autres mineurs du centre, les vendredi 13 et samedi 14 novembre. Une enquête est ouverte, les six jeunes résidents ont été pris en charge par la protection judiciaire de la jeunesse (PJJ) et cinq éducateurs ont été suspendus par leur direction pour défaut de surveillance.

Nouvel horizon

Ouvert en 2017, le CEF des Chutes-Lavie est géré par Nouvel Horizon-ANESI (association nationale et européenne d’éducation, de socialisation et d’insertion). Cette structure est une émanation de Jet, Jeunes en équipe de travail, association qui offrait une alternative à l’incarcération à des mineurs délinquants en proposant un encadrement par des militaires. Habilitée par la PJJ, elle se charge depuis 2005 du CEF du Vigeant proche de Poitiers. Cet établissement se targue d’avoir une bonne réputation auprès des magistrats, même si un rapport de l’Observatoire des lieux de privation de liberté pointait, en 2013, le manque de formation du personnel. Sur une équipe de seize accompagnateurs pour douze mineurs de plus de 13 ans, il y avait huit personnes sans qualification éducative, une éducatrice spécialisée, un professeur d’éducation physique, un éducateur technique, cinq moniteurs éducateurs. Les observateurs signalaient également un nombre d’arrêts maladie important : 354 journées au premier semestre 2013, symptomatique d’un mal-être au travail.

Dysfonctionnements à la pelle

A Marseille, à peine deux ans après l’ouverture, les symptômes semblent plus préoccupants. Le 30 juillet 2019, l’équipe éducative se met en grève pour soutenir un collègue en procédure de licenciement. Le mouvement dure plusieurs jours et dénonce également les conditions de travail, le management autoritaire et… l’impossibilité de mener à bien toute mission éducative. « On est devenus des matons », résumait alors un gréviste. Depuis la situation n’a cessé de se dégrader. Début juin 2020, la PJJ prend la décision de bloquer toute nouvelle admission après un rapport du ministère de la justice accablant. Les dysfonctionnements observés donnent lieu à 98 préconisations. Le CEF est également sous le coup d’une enquête préliminaire pour mauvais traitements et malversations financières. Face à ce désaveu, Nouvel Horizon change la direction générale... pour la septième fois. Une mesure pansement qui ne suffira pas à éviter la fermeture du centre.

Multiplier les CEF

Depuis leur création en 2002, les centres éducatifs fermés ne cessent de faire polémique. Les travailleurs sociaux diplômés les évitent, le turnover du personnel reste une constante et les fugues, une banalité. L’absence de suivi après la sortie des jeunes de ces structures ne permet pas d’établir un bilan fiable de leur insertion et de comparer ses effets à des formes plus ouvertes d’accompagnement éducatif. En revanche avec un prix journée moyen de 690 euros, selon une mission d’information du Sénat, ces établissements sont très bien dotés par rapport au milieu ouvert. Peu importe, le gouvernement y voit une solution pour les jeunes délinquants multirécidivistes. Alternative à l’incarcération ou antichambre de la prison, la France compte 51 CEF. En 2018, le ministère de la justice en voulait vingt de plus d’ici 2021.