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■ ACTU - Calais • grève de la faim contre l’inhumanité

« L’État se radicalise donc on choisit une action radicale ! » Depuis le lundi 11 octobre, Anaïs Vogel (35 ans), Ludovic Holbein (38 ans) et le père Philippe Demeestère (72 ans) font la grève de la faim pour dénoncer les violences psychologiques et physiques infligés aux exilés dans le Calaisis. Anaïs et Ludovic sont bénévoles dans des associations humanitaires qui soutiennent les personnes en exil sur la route de l’Angleterre. Aumônier du Secours Catholique, Philippe les accueille et les accompagne dans l’unique permanence de jour à Calais.

Traitements inhumains

Les trois militants assistent quotidiennement à des traitements inhumains infligés par les autorités : expulsions, confiscation et destruction des effets personnels, arrêtés anti-distribution de nourriture et d’eau, humiliations... Yasser Abdallah, un soudanais de 20 ans décédé dans la nuit du 28 septembre en essayant de grimper dans un camion, a été le mort de trop, celui qui a déclenché cette action désespérée. Les grévistes de la faim portent les revendications de l’ensemble des associations d’aide aux migrants, elles même victimes de persécutions comme en atteste un rapport intitulé : "Infliger la détresse, le traitement dégradant des enfants et des adultes migrants dans le nord de la France", publié le 7 octobre par l’organisation Human rigths watch. "Les bénévoles d’Utopia 56, une association qui effectue des rondes régulières à Calais et Grande-Synthe sont régulièrement arrêtés pour des contrôles d’identité et reçoivent souvent des amendes pour des infractions mineures liées à leurs véhicules ou leur conduite – pression des pneus insuffisante, pare-brise ébréché, clignotant actionné dans un délai trop court avant de tourner, stationnement illicite, etc" dénonce entre autre ce rapport.

900 démantèlements

Soutenus par 150 associations, les grévistes de la faim demandent la suspension des expulsions quotidiennes et des démantèlements de campements durant la trêve hivernale, l’arrêt de la confiscation des tentes et des effets personnels, l’ouverture et la localisation de points de distribution de tous les biens nécessaires au maintien de la santé des personnes exilées. D’après le collectif Human rights observers (observateurs des droits de l’homme), les exilés bloqués à Calais ont subi près de 900 démantèlements de camps en 2021. Contre cette politique de harcèlement systématique, les associations ont lancé une pétition qui frôlait les 40 000 signature ce 28 octobre.

Myriam Léon