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■ ACTU - Ardèche, mobilisation nationale pour la prév’

« Un peu partout en France, les équipes de prévention spécialisée subissent des menaces soit sur les financements, soit sur les missions à accomplir, observe Isabelle Bertin, éducatrice de prev’ en Haute-Savoie et déléguée syndicale à Sud santé sociaux. Nous sommes là par solidarité avec nos collègues d’Ardèche, mais aussi parce qu’on tient à affirmer notre volonté de préserver les spécificités de l’action des éducateurs de rue, la libre adhésion, l’anonymat, l’accompagnement dans le temps, l’allée vers... » Marseille, Lyon, Paris et banlieues, Drôme, 150 militants (selon la police) ont fait la route jusqu’à Privas à l’appel d’une intersyndicale (CNT, CGT, Sud) et du collectif ardéchois Le social castagne. Réunis devant le conseil départemental, ils étaient venus soutenir le service de prévention de l’Association départementale pour la sauvegarde des enfants (ADSEA), rudement mis à l’épreuve par le département.



Venus de différents départements, 150 manifestants se sont invités au conseil départemental d’Ardèche pour défendre la prévention spécialisée. ©DR

Depuis son arrivée à la présidence du département, Olivier Amrane (Les Républicains) assume des choix politiques en rupture avec les socialistes qui étaient aux manettes depuis plus de vingt ans. Après avoir amputé de moitié sa dotation au service de prévention spécialisée, il se déclare volontaire pour mettre en place un versement du RSA en contrepartie d’heures de travail bénévole. Ce lundi 17 octobre, date anniversaire des 50 ans de l’arrêté ministériel de 1972 reconnaissant l’utilité publique de la prévention spécialisée et de ses principes d’action, était aussi le jour de la séance plénière où les conseillers départementaux allaient voter cette expérimentation du RSA sous condition. Alors, des travailleurs sociaux ont voulu faire porter leurs voix dans le débat.



L’Ardèche n’expérimentera finalement pas le RSA sous condition, mais la prev’ reste dans le flou sur ses financements. ©DR

A l’issue d’une rencontre avec des techniciens du département, la délégation de militants ressort sans réelle avancée sur la pérennité et la nature de la prévention spécialisée. « Ils affirment que cette baisse des dotations se justifie parce que le service prévention de l’ADSEA affiche un excédent de 100 000 euros, s’étonne la syndicaliste. Or ce n’est pas du tout ce que dit l’association à ses salariés. » La direction de l’ADSEA n’a pas souhaité assister à cette rencontre et n’a donc pas pu lever les doutes sur ce crédit non dépensé. « L’agenda d’un directeur n’est pas dicté par les syndicats, souligne Serge Reynier, le directeur de la structure. Ces fameux 100 000 euros avaient été mis de côté il y a quatre ou cinq ans, quand des postes n’avaient temporairement pas été pourvus. Je les ai utilisés cette année pour éviter de fermer le service. »

Éternelle variable d’ajustement

Il perçoit cette manifestation, « organisée à notre insu », comme une manière de mettre de l’huile sur le feu alors qu’il est en pleine négociations. En effet, le département dit vouloir maintenir le service de prev’ pendant trois ans mais... sans garantie de financements. « Le désengagement partiel du conseil départemental est acté, la dotation a été rognée de 50%, c’est un choix politique qui lui appartient, admet Serge Reynier. Moi, j’essaie de sauver l’emploi des salariés et je pense aussi aux 500 à 600 gamins qui sont accompagnés dans ce dispositif. Aujourd’hui, je suis obligé de composer avec tous les acteurs du territoire pour trouver une issue favorable et je suis à la recherche d’un financement complémentaire dans le cadre du FSE (ndlr : fonds social européen). » Malgré les textes, la prévention spécialisée reste une variable d’ajustement de la protection de l’enfance en Ardèche. cependant, les manifestants ont eu la satisfaction de voir les élus rejeter à la majorité l’expérimentation du RSA sous condition.

Myriam Léon


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