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■ ACTU - Accès aux soins, Médecins du monde dénonce un recul

« Dans un système de santé qui va mal, l’accès aux soins est encore plus difficile pour les plus précaires, ce système accroit les inégalités sociales de santé », alerte Florence Rigal, présidente de Médecins du monde (MDM), lors de la présentation du 22è rapport annuel de l’observatoire de l’accès aux droits et aux soins des plus démunis, le 8 décembre.



Programme d’accès aux soins pour les plus démunis à Lyon ©Anaïs Oudart

Sur les 15 000 personnes reçues en 2021 dans les 14 centres d’accueil, de soins et d’orientation (CASO) de MDM, « plus de la moitié arrive avec un retard de soins, 85% ont besoin d’un traitement, 44% nécessitent une prise en charge urgente ou assez urgente, et 60% ont une pathologie chronique non traitée », détaille l’association. Les personnes reçues sont toutes en situation de pauvreté (98%), 53% n’ont pas de titre de séjour et vivent dans des conditions très précaires qui détériorent leur santé.

Difficile accès à l’AME

Or l’accès aux droits est devenu un véritable parcours du combattant. L’association humanitaire constate en effet que « huit personnes sur dix éligibles à une couverture maladie n’en ont pas. Depuis quelques années on observe un recul dans l’accès à l’aide médicale d’Etat (AME) », témoigne Agnès Gillino, coordinatrice à Nice. MDM dénonce la fermeture des guichets sans rendez-vous, le passage obligé par un numéro payant, et la complexité des démarches en ligne. Elle constate en outre « une hausse des demandes abusives de pièces justificatives non obligatoires » qui retardent ou empêchent l’ouverture de droits.

Saturation du service public

Même avec une couverture maladie, « l’accès au service public de santé se détériore », alerte l’association. « A Nice, par exemple, les permanences d’accès aux soins de santé (PASS) sont saturées et il faut trois semaines pour obtenir un rendez-vous chez un généraliste », ajoute la coordinatrice. Les délais sont triplés pour une consultation en psychiatrie ou addictologie.

Face à ces constats, Médecins du monde demande « une couverture maladie universelle effective pour tous », avec la réouverture de guichets, une offre renforcée de services publics de soins, la suppression des délais de carence pour les demandeurs d’asile et la fusion entre l’AME et la Protection universelle maladie (PUMA).

Mariette Kammerer


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