N° 949 | Le 12 novembre 2009 | Jacques Trémintin | Critiques de livres (accès libre)

Sexualité et vieillissement

Gérard Ribes


éd. Chronique sociale, 2009 (144 p. ; 14 €) | Commander ce livre

Thèmes : Personne âgée, Sexualité

Même si elle n’est pas vitale, la sexualité conditionne notre accession au bonheur. Elle est un facteur essentiel d’épanouissement individuel et de bonne estime de soi. Pourtant, nombre de sociétés l’ont circonscrite au seul horizon de la procréation, refusant son rôle moteur dans l’équilibre personnel. Ce qui peut expliquer que les deux extrémités de la vie en aient toujours été exclues. L’enfance s’est vue reconnaître, depuis Freud, l’existence d’une sexualité infantile spécifique, car non génitale. Ce qui est encore loin d’être le cas pour la vieillesse, sur qui pèse une série impressionnante de tabous et de stéréotypes qui ont la vie dure, explique l’auteur qui s’attache à les réfuter.

Ainsi, passé un certain âge, le désir s’affaiblirait, l’impuissance physique se généraliserait, l’acte sexuel constituerait un risque pour la santé, l’attirance disparaîtrait du fait du vieillissement des corps ou encore l’attirance pour l’autre relèverait d’une forme de perversité… La vieillesse est trop souvent assimilée, à tort, à une forme d’angélisme excluant toute sensation corporelle. Or, chaque individu reste sexué par-delà son âge, sa maladie ou son handicap. « Aimer se décline à tout âge. Désirer est le plus fort moteur de l’existence » (p.143). Bien sûr, chaque étape de la vie nécessite une adaptation : de la naissance à la mort, l’humain est en perpétuelle évolution, en constante mutation. Cela concerne aussi la vieillesse. Mais qui dit ajustement ne dit pas disparition ; la sexualité y prend simplement une autre couleur. Elle devient moins une urgence ou une pulsion et plus une relation, la part agressive s’estompant au profit de la tendresse et de la sensualité.

L’investissement du corps n’est jamais constant, tout au long de la vie. Il varie en fonction de la disponibilité que l’on a envers soi et les autres. Celle-ci se construit, s’alimente et se crée. S’il y a bien quelque chose qui ne change pas, quel que soit l’âge, c’est la nécessité d’alimenter la rencontre avec l’autre, de le surprendre, de l’amuser et de le séduire. Et puis, on vieillit comme on a vécu : les plus actifs quand ils étaient jeunes, le restent quand ils deviennent âgés. Si le sentiment amoureux chez nos aînés est donc bien légitime, il est aussi une garantie d’un vieillissement de qualité : il confirme la fonctionnalité du corps et renforce une bonne image corporelle, maintient les sentiments d’identité et d’affirmation de soi, apporte une protection contre l’anxiété, confirme des capacités affectives, imaginatives et les habiletés communicationnelles, démontrant au final que la vie mérite de continuer à être vécue. Bien sûr, des problèmes sexuels peuvent apparaître. Mais, outre que la vieillesse est loin d’en avoir le monopole, ils se traitent et se gèrent.


Dans le même numéro

Critiques de livres

Nicolas Lépine

Vieillir en institution