Protection de l’enfant : un an après la loi...

Voici un an, la loi du 14 mars 2016 relative à la protection de l’enfant était promulguée. Pour accompagner sa mise en œuvre, un travail de réflexion pluridisciplinaire autour des « besoins fondamentaux de l’enfant en protection de l’enfance » a été mené pendant cinq mois par un comité d’experts. Fin février, un rapport a été remis à la ministre des Familles, de l’Enfance et des Droits des femmes, Laurence Rossignol.

Le « méta besoin » comme postulat

Le besoin de sécurité de l’enfant est appelé par les experts le « méta besoin », celui qui englobe tous les autres. Il regroupe trois dimensions : le besoin affectif et relationnel primordial, le besoin physiologique et de santé et le besoin de protection. Ce méta-besoin doit être pourvu par un « donneur de soins », un adulte qui se soucie de l’enfant et lui propose une relation affective stable.
Référence est faite à la célèbre « figure d’attachement » de John Bowlby, qui renforce la sécurité intérieure de l’enfant et lui permettra de grandir et de devenir autonome.

Préoccupation maternelle "primaire"

Le rapport fait également appel au concept de « préoccupation maternelle primaire » de Donald Winnicott où la mère suffisamment en empathie peut deviner et ressentir les besoins de son bébé et y répondre de manière adéquate. Aujourd’hui, l’apport des neurosciences confirment ce besoin premier de sécurité affective chez l’enfant.
Disponibilité, stabilité et prévisibilité sont donc les trois qualités indispensables du « donneur de soins ».

Les autres besoins fondamentaux de l’enfant

Les professionnels énoncent quatre autres types de besoins fondamentaux de l’enfant qui viennent compléter le besoin de sécurité :

  • Le besoin d’expériences et d’exploration du monde : bouger, manipuler, imiter, imaginer, comparer ; autant d’expériences physiques, cognitives ou langagières qui amènent l’enfant à comprendre le monde qui l’entoure.
  • Le besoin d’un cadre de règles et de limites, pour qu’ils soit protégé du danger dans un premier temps, mais surtout pour qu’il puisse intégrer les codes, valeurs et repères pour bien vivre en société. L’enjeu est également pour l’enfant d’exprimer ses émotions sans se laisser déborder par elles et stabiliser ses relations aux autres.
  • Le besoin d’identité correspond à une inscription de l’enfant dans une filiation et dans les générations pour se construire en tant qu’individu singulier.
  • Le besoin d’estime et de valorisation de soi est important pour que se développe chez l’enfant la confiance en soi, l’acceptation de ce qu’il est et l’assurance d’être aimé et aimable.

Quand les besoins de l’enfant restent insatisfaits

Ainsi, dans les situations de négligences et de maltraitances envers les enfants, leurs besoins fondamentaux ne trouvent pas de réponses adaptées, leur attachement devient « insécure » et leur développement se trouve perturbé. C’est ici que les professionnels interviennent, comme intermédiaires entre les parents et les enfants, comme soutien à cette parentalité parfois compliquée ou encore comme relais lorsque l’enfant est en situation de danger. Si l’enfant est placé, les professionnels deviennent garants d’un « cadre de suppléance structurant » qui permet à l’enfant de se saisir d’une nouvelle figure d’attachement tout en faisant lien avec sa filiation, son origine, son histoire.

Préconisations

Le rapport propose diverses solutions aux acteurs de la protection de l’enfance pour assurer les besoins fondamentaux de l’enfant :

  • Diffuser cette approche nouvelle des besoins de l’enfant, former les professionnels et promouvoir une culture commune
  • Sensibiliser le public au développement de l’enfant et renforcer les actions de prévention et de soutien à la parentalité.
  • Respecter l’intérêt supérieur de l’enfant et la mise en œuvre de ses droits
  • Garantir aux enfants en institution la prise en charge de la satisfaction de leurs besoins grâce à une équipe pluridisciplinaire formée, à la préparation du placement en amont et à la mise en place d’un parcours de soins adapté.
  • Améliorer le repérage des mineurs en danger en établissant un cadre de référence national

L’intégralité du rapport « Démarche de consensus sur les besoins fondamentaux de l’enfant en protection de l’enfance » à lire en cliquant ici.