N° 911 | Le 8 janvier 2009 | Jacques Trémintin | Critiques de livres (accès libre)

Pour réussir le placement familial

Christian Allard


éd. ESF, 2007 (233 p. ; 23 €) | Commander ce livre

Thème : Placement familial

Dans un style très didactique, Christian Allard nous propose ici un ouvrage à destination tant du lecteur novice que du praticien expérimenté. S’abreuvant aux sources de la psychanalyse, il sait aussi se tourner vers les notions d’attachement, d’empreinte, de résilience, de carence affective, de trouble du lien, sans oublier les axes de la parentalité définis par le groupe de Didier Houzel. Références riches et multiples qui permettent d’évoquer l’accueil en placement familial dans toute sa complexité, tant du côté des parents que de l’enfant ou du service chargé de mener à bien cette mesure.

Tout parent conçoit de façon imaginaire l’enfant qui va naître. Un décalage s’instaure alors avec celui qui naît. La maltraitance intervient souvent, dès lors que l’enfant réel déçoit par rapport à l’enfant rêvé. De là vient le processus de dysparentalité. Mais l’enfant n’est pas libéré de la souffrance qui a conduit au placement du seul fait de la séparation. Les perturbations qu’il vivait peuvent se trouver amplifiées du fait même du double attachement à sa famille et à sa famille d’accueil… et du conflit de loyauté qui en est souvent le résultat. D’où le soin à apporter dans la préparation de l’accueil, mais aussi de son accompagnement.

L’auteur souligne que ce soutien ne passe pas forcément par la parole et l’élaboration, tous les enfants n’étant pas en capacité de s’y investir. Il convient tout autant de réhabiliter la place de l’affectif dans le travail de l’assistante familiale : elle se doit de s’impliquer autrement qu’en tant que lieu garantissant les soins de base. « Ce qui va faciliter la résilience, c’est l’affectivité de la famille d’accueil » (p.144). Il y a toujours un décalage permanent entre cette famille qui vit le placement et l’équipe qui croit tout savoir.

Le travail consiste alors à tenter de réduire cet écart. Le référent de l’enfant, quant à lui, a un double rôle : catalyser les tensions accumulées par l’assistante maternelle dans son quotidien auprès de l’enfant et veiller à la soutenir et la renarcissiser. Difficile position que celle d’un travailleur social devant à la fois s’engager dans une implication bienveillante, tout en évitant de s’approprier l’enfant, devant jouer un rôle de substitut et de support à l’élaboration de l’identité de l’enfant, tout en ne prenant la place ni de la famille, ni de la famille d’accueil.

L’objectif du placement familial est donc bien d’aménager un environnement favorisant le développement d’un potentiel physique (croissance et développement harmonieux), cognitif (compétences intellectuelles), social (capacité à vivre en groupe) et affectif (équilibre des liens avec les proches). Mais il s’agit tout autant de favoriser l’épanouissement de sa vie interne et de sa vie psychique. Ce qui compte c’est non seulement de protéger l’enfant, mais aussi de promouvoir l’adulte qu’il sera.


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