Le sénateur et l’enfant : Silence on économise...

Le 8 novembre dernier, le Sénat adoptait un amendement pour supprimer le pécule versé aux enfants pris en charge par l’Aide Sociale à l’Enfance. Un pécule constitué d’une épargne des allocations de rentrée scolaire, année après année, et gérée par la Caisse des dépôts et consignations.

Sa suppression avait pour but de renflouer les caisses des départements. L’amendement a été (heureusement) rejeté par l’Assemblée Nationale. La création de ce pécule, était inscrite depuis le 14 mars 2016 dans le texte de loi relatif à la protection de l’enfant porté par Laurence Rossignol, ministre des familles de l’époque et figurait parmi les mesures phares de sa réforme.

Controverse

Il s’agissait de bloquer sur un compte les sommes dédiées jusqu’à majorité des jeunes concernés, afin de faciliter leur passage dans la vie adulte. Cette mesure ne s’est pas faite sans controverses. D’abord parce qu’elle entérinait la problématique du manque de financements pour les contrats jeunes majeurs.

Mais aussi parce que de nombreuses institutions et familles se retrouvaient tout à coup sans ressources pour assurer les frais vestimentaires et scolaires des enfants concernés. Pour beaucoup, cette mesure constituait donc un recul sur la qualité d’accompagnement des mineurs mais, recul encore, recul toujours…

Adulte, m’entends-tu ?

La velléité de supprimer l’existence de ce pécule pose une question de taille : la visibilité des enfants et adolescents pris en charge par l’Aide Sociale à l’Enfance dans l’espace public et politique. Si les mineurs en général sont très peu, voire pas du tout entendus (en tant que voix politiques) dans notre société, il semblerait que les plus dépourvus d’entre eux le soient encore moins. Certes du fait de leur condition de mineurs, mais aussi par l’absence d’instances représentatives qui rend la question de la protection de l’enfance complètement obscure pour le grand public.

Ce qui pose problème ici, au-delà des difficultés qu’auraient pu engendrer la suppression de ce pécule, c’est bel et bien le silence assourdissant qui l’entoure, faisant des enfants placés une manne financière, malgré quelques résistances éparses.


Célia Carpaye


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