Mineurs isolés, mineurs avant tout

C’est une déclaration qui fait l’unanimité contre elle dans le monde associatif et juridique spécialisé l’accueil des jeunes migrants : « l’État assumera l’évaluation et l’hébergement d’urgence des personnes se déclarant mineures entrant dans le dispositif (de protection de l’enfance), jusqu’à ce que leur minorité soit confirmée ». Elle a été prononcée par le premier ministre Edouard Philippe le 20 octobre dernier devant le Congrès de l’Assemblée des départements de France.

Dans un communiqué commun, 17 associations œuvrant dans le champ de la protection de l’enfance, de l’hébergement et de l’accueil d’urgence rappellent que conformément à la Convention des droits de l’enfant, les mineurs non accompagnés « doivent être considérés comme des enfants avant d’être des étrangers, et, par conséquent, bénéficier d’un accompagnement éducatif tout au long de leur prise en charge et dans le cadre de la protection de l’enfance ». Donc, que leur sort ne doit pas être confié « aux politiques publiques liées à l’immigration », ce qui signifierait « un recul grave pour les droits de l’enfant dans notre pays ».

Défaillances et abus

Même inquiétude pour 70 avocats et juristes intervenant quotidiennement auprès de mineurs isolés étrangers dans différents départements de France. Ils ont adressé le 24 octobre une lettre ouverte au Président de la République. « Nous vous demandons solennellement de réaffirmer l’attachement de la France à la protection de tous les enfants présents sur son territoire, de réaffirmer le rôle de notre système de protection de l’enfance vis-à-vis de tou·tes les mineur·es en danger, quels que soient leur nationalité, leur origine ou leur statut administratif ». Le dispositif actuel, ses « très nombreuses défaillances », avec des mineurs « particulièrement vulnérables » et exposés « aux abus et à la maltraitance » devrait, selon les signataires, « au contraire inciter les autorités à les protéger au moins autant, sinon plus, que les autres enfants ».