Même la Poste se paye sur le social…

Tout se paye ma p’tite dame, même l’attention du facteur, à en croire la nouvelle offre de service du groupe La Poste : « Veiller sur mes parents ». Derrière cet intitulé bienveillant, un produit destiné à rompre l’isolement des personnes âgées. Moyennant un abonnement de 39,90 euros par mois, avec une promotion de lancement à moitié prix, le facteur prendra dix minutes de son temps pour discuter avec une personne âgée une fois par semaine.

L’offre est modulable, pouvant atteindre six visites hebdomadaires pour un coût mensuel de 139,90 euros. Destiné aux descendants du bénéficiaire, cette offre est éligible au crédit d’impôt applicable aux services à la personne. Pour assurer ce service proposé dans toute la France depuis le 22 mai, les facteurs suivent une formation de trois heures. « Le relationnel est dans leur ADN, précise le service communication de La Poste. Mais là, ils passent le pas de la porte, font des comptes rendus de la rencontre à la famille et cette prestation est couplée à une offre de téléassistance. »

Visites payantes

Face à cette proposition commerciale, l’association spécialisée dans l’accompagnement des personnes âgées isolées Les petits frères des Pauvres dénonce la marchandisation d’une souffrance sociale. « Depuis longtemps et de façon informelle, les facteurs remplissaient un rôle d’alerte surtout dans les zones rurales », concède leur communiqué avant d’émettre les plus grandes réserves sur ce dispositif présenté comme un outil du « maintien à domicile ».

« Cette monétarisation de la création de lien social va forcément renforcer l’exclusion, des personnes âgées les plus démunies, regrette Armelle de Guibert, déléguée générale des petits frères des Pauvres, en particulier les femmes de plus de 80 ans qui cumulent isolement et petits revenus. »

27% des plus de 75 ans isolés

L’association rappelle également que le lien tissé par ce type de prestations ne remplacera jamais la valeur d’une vraie relation fraternelle, gratuite et voulue des deux côtés. D’après une étude de la Fondation de France réalisée en 2014, « Les solitudes en France », une personne de plus de 75 ans sur quatre est seule.

Les personnes âgées sont de plus en plus confrontées à la perte du conjoint, la disparition des proches, l’éloignement et la dispersion des cellules familiales. En 2016, l’association caritative a vu son nombre de bénévoles augmenter de 10%.
Pourvu que la Poste ne les attaque pas pour concurrence déloyale !