N° 654 | Le 20 février 2003 | Jacques Trémintin | Critiques de livres (accès libre)

Les violences du quotidien

Maryse Vaillant & Christine Laouénant


éd. De la Martinière jeunesse, 2002 (232 p. ; 23 €) | Commander ce livre

Thème : Violence

Richement illustré, voilà un ouvrage destiné au public jeune qui aborde avec intelligence et pertinence un sujet trop souvent galvaudé. Une telle publication ne peut, en effet, être que bienvenue face aux propos trop souvent racoleurs auxquels nous ont largement habitués les médias, dès qu’il est question de la violence et des jeunes. Les auteures, rejetant toute démagogie, abordent tout autant la violence que subissent les adolescents que celle qu’ils exercent : la place est laissée aussi bien à ce que peut faire subir la société aux plus jeunes de ses membres (racisme, chômage, exclusion), qu’à ce que ces derniers commettent (agression, racket, vol).

Un chapitre entier est consacré à l’école en dénonçant à la fois les bons mots que se permettent parfois certains enseignants, faisant rire toute une classe au détriment d’un élève qu’il ridiculise pour ses faibles résultats que les pratiques aussi banales qui consistent à mettre la main aux fesses d’une fille pour la faire rougir. Ce qui peut traumatiser et durablement perturber relève parfois de l’agression physique, mais aussi verbale. Que ce soit sous la forme de conduites à risque ou de prise de produits (alcool, tabac, cannabis ?) qui se retournent contre soi ou bien les formes de délinquance qui s’attaquent aux autres, les occasions de violences sont multiples et diverses.

Les inquiétudes ne proviennent pas du seul monde des adultes qui, pourtant n’a guère de leçon à donner, mises à part de fortes personnalités comme le Mahatma Gandhi ou le pasteur Martin Luther King qui servent trop peu souvent de référence. Il y a de cela quelques années, un groupe de jeunes a lancé le mouvement Stop la violence : « Celui qui part de chez lui avec une lacrymo, un couteau ou un revolver, même s’il croit que c’est pour se protéger, il va automatiquement s’en servir dès qu’il aura un problème. Les armes, ça ne protège de rien, au contraire ».

S’il est vain de rêver éradiquer un jour de tels comportements qui constituent l’une des constantes naturelles, culturelles et sociales de l’espèce humaine, on peut néanmoins tout faire pour essayer de les contrôler. Quand on y est confronté, il ne faut jamais rester seul face à un racket subi à l’école ou à des mauvais traitements subis au sein de la famille. Les jeunes ne doivent pas hésiter alors à chercher des relais auprès des adultes qui les entourent. Mais, penser la violence, c’est aussi être capable de la ressentir sans se laisser envahir par elle, c’est pouvoir différer l’action à laquelle elle pousse ou même pouvoir y renoncer.

Et, c’est à l’éducation qu’il revient d’apprendre à exprimer sa rage, sa colère et sa révolte tout en sachant l’endiguer, la détourner et la transformer. L’énergie ainsi capitalisée peut alors être utilisée comme un atout pour vivre et créer la vie. Puisse ce livre contribuer à atteindre ce noble objectif auquel tous les adultes doivent s’attacher.


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