N° 955 | Le 7 janvier 2010 | Jacques Trémintin | Critiques de livres (accès libre)

Les menteurs. Pourquoi ont-ils peur de la vérité ?

Michel Fize


éd. Marabout, 2009 (185 p. ; 4,50 €) | Commander ce livre

Thème : Relations

Le monde ment. Il ment même énormément. Il suffit d’avoir la faculté de penser pour le faire. Pourtant, les hommes ne sont pas égaux en la matière : il y a les bons et les mauvais menteurs, les fieffés et les piètres menteurs. Certains le font par habitude, d’autres d’une manière plus occasionnelle. Mais on préfère euphémiser cette pratique. On parle bien plus facilement de dissimulation, de tromperie, de ruse, de fraude ou encore de manipulation. Reste que le mensonge est l’un des réflexes les plus humains qui soit. Il est présent dans toutes nos relations : amicales ou amoureuses, personnelles ou professionnelles, privées ou publiques. Michel Fize définit le mensonge comme le fait «  de produire un faux discours, en sachant qu’il n’est pas vrai […] c’est tromper intentionnellement et en parfaite conscience quelqu’un en sachant ce que l’on cache sciemment » (p.24). Les choses sont donc claires : le menteur sait qu’il ment. Nul n’est menteur « à l’insu de son plein gré » comme l’affirma avec beaucoup d’humour involontaire Richard Virenque, après avoir été convaincu de dopage. Celui qui dit quelque chose, en le croyant sincèrement, ne ment pas. En amont, il y a une intention et en aval une conséquence.

C’est l’une et l’autre qu’explore l’auteur en illustrant ses déclinaisons institutionnalisées que sont la propagande en politique, la publicité dans le commerce et les préjugés chez chacun. La force du menteur, c’est de raconter une histoire crédible : plus il est convaincant, plus il réussit à se convaincre lui-même et donner de la vraisemblance à sa fabulation. L’enfant ne fait, en la matière, qu’imiter le monde adulte, se montrant autant capable de mentir que de ne pas le faire. Soucieux de le confronter à une éducation qui l’éloigne du mensonge, l’auteur prend soin d’y opposer non pas tant la vérité que la sincérité et la franchise. Et les valeurs qui peuvent favoriser cette loyauté, ce sont celles qui invitent à faire ce que l’on dit et dire ce que l’on fait, à tenir ses engagements, à mettre en cohérence ses actes et sa parole. Mais après tout, la sincérité, n’est-ce pas ce qui reste après avoir enlevé tous les mensonges ?


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