N° 1222 | Le 6 février 2018 | Jacques Trémintin | Critiques de livres (accès libre)

Les larmes de Charlie… et Cie

Michel Fize


éd. LGO, 2017, (67 p. – 12 €) | Commander ce livre

Thème : Citoyenneté

Une équation automatique autant que symbolique est systématiquement établie entre handicap et tragédie. Mais devons-nous nous soumettre à l’impérialisme du fatalisme où tout est inexorablement programmé à l’avance ou bien peut-on encore lier, coordonner, négocier et sublimer les forces du destin ? On peut certes être réduit à ne voir à travers le handicap que manque et douleur, perte, deuil et larmes. Mais, croire à la vitalité, au potentiel transformateur et à la créativité de l’être humain, c’est refuser de le réduire à un unique objet de soins, de prise en charge et de passivité. Bien sûr, le handicap peut être insupportable et faire violence, induisant une souffrance et une désespérance que l’on ne peut ignorer. Mais l’après n’est jamais écrit d’avance, sa forme et sa tonalité pouvant toujours évoluer. Même s’il importe de penser le lien entre l’idéal, le rêve et la réalité, il faut tout autant veiller à ne jamais construire un modèle positif valable pour tous, tout le temps, dans toutes les cultures. En fait, le handicap fabrique de la tragédie surtout quand il nous envahit et devient le principal acteur de la relation avec la personne qui en est atteinte et barre la route à un échange humain avec elle. S’il implique une réorganisation matérielle autant que psychique, chacun doit pouvoir réussir à trouver sa place dans un devenir valorisant.


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