Les couacs de la politique du handicap

Le gouvernement avait fait de l’allocation adulte handicapé (AAH) et de l’accompagnement scolaire des enfants en situation de handicap les deux emblèmes de sa politique à destination des personnes handicapées. Qu’en est-il aujourd’hui ?

La revalorisation de l’AAH aura bien lieu : le 20 septembre, le premier ministre Edouard Philippe a confirmé une augmentation de 90 euros, pour passer de 810 euros (plafond maximal) à 900 euros. Mais il faudra attendre longtemps : une première augmentation de 50 euros interviendra en novembre 2018, une deuxième de 40 euros en novembre 2019. Surtout, le gouvernement annonce une modification du mode de calcul du plafond de cette allocation, qui est et restera proportionnelle aux ressources du foyer. En clair, les personnes percevant l’AAH et qui sont en couple ne verront pas la couleur de cette augmentation, du simple fait… de vivre en couple. Pour justifier cette mesure qui provoque la colère du monde associatif, le secrétariat d’Etat aux personnes handicapées invoque la « solidarité familiale » et le rapprochement avec les règles applicables aux autres allocataires de minimas sociaux. L’Association des paralysés de France (APF) dénonce une « dimension terriblement négative de ces mesures », La Fédération nationale des accidentés de la vie (FNATH) constate que « le Gouvernement va prendre d’une main ce qu’il donne de l’autre ! »

Enfants en attente d’AVS

Côté scolarité, le gouvernement assurait avant la rentrée que tous les enfants qui avaient besoin d’un accompagnement bénéficieraient d’un·e auxiliaire de vie scolaire. Plus de deux semaines après la rentrée, le collectif Citoyen handicap annonçait pourtant que 3 500 enfants étaient toujours en attente d’un accompagnement. Actuellement 50 000 accompagnants en contrats aidés et 30 000 accompagnants d’élèves en situation de handicap (AESH), soit 8 000 de plus qu’à la rentrée 2016, sont chargés d’accompagner 164 000 élèves. Le ministère de l’Éducation nationale, qui reconnaît que 2% des enfants sont toujours dans l’attente, invoque un problème de délai entre la demande et le recrutement. Une « galère » rituelle à chaque rentrée… fortement dénoncée par Sophie Cluzel lorsqu’elle présidait la Fédération nationale des associations au service des élèves présentant une situation de handicap (Fnaseph).