N° 653 | Le 13 février 2003 | Patrick Méheust | Critiques de livres (accès libre)

Les aventuriers de l’économie solidaire

Sous la direction d’Annie Dreuille


éd. L’Harmattan, 2002 (217 p. ; 18,30 €) | Commander ce livre

Thème : Économie sociale

La maison de la citoyenneté sociale à Toulouse propose un mode d’accompagnement des personnes en recherche (plus exactement en désir) d’emploi tout à fait original. À l’opposé d’une démarche menée dans l’urgence et l’anxiété, la méthode repose sur une approche sociale globale des individus qui veulent développer un projet personnel. Il s’agit de repérer dans leur parcours antérieur et leurs dispositions actuelles les atouts susceptibles de faire en sorte que ces projets aient effectivement de bonnes chances d’aboutir.

Dans cette perspective, les seuls savoirs professionnels ne sont pas suffisants. La créativité par exemple s’acquiert aussi à travers le vécu quotidien même s’il se confronte au chômage. La motivation est également une dimension déterminante. Nombre de personnes font ainsi le choix de transformer une passion (sculpture, peinture, musique, etc.) ou une activité de loisir (sport, bricolage ?) en projet professionnel. Mais, ce qui inspire la plupart des porteurs de projet, c’est le souhait ardent de devenir son propre patron.

Cependant, en matière de création d’activités, la bonne volonté ne suffit pas. Aussi, la maison de la citoyenneté propose un appui technique qui va de l’étude de marché, en passant par la formation aux méthodes de gestion, jusqu’au suivi budgétaire. Un « compagnon » bénévole dont le rôle est d’apporter soutien technique et moral est chaudement recommandé. « Le compagnon, c’est à la fois une planche de salut qui vous aide à flotter, une borne, un repère qui vous rappelle à l’ordre quand il y a des choses à faire », témoigne, convaincu, un des bénéficiaires de la formule.

L’ouvrage donne ainsi un aperçu des réalisations qui sont, avec succès semble-t-il, passées par « l’expertise » de la maison de la citoyenneté. En la matière, tous les champs d’activité sont potentiellement exploitables : culture, art, service de proximité, communication, animation ?

Comme le souligne Bernard Ginisty à la fin du livre, ces créateurs d’un nouveau genre luttent en quelque sorte pour réaliser une symbiose entre activité économique et vie citoyenne. Il s’agit de dessiner des rapports renouvelés entre l’économique, le financier et le social pour redonner sens à des relations qui ne se limitent pas aux aspects monétaires. À l’heure où la mondialisation imprime au monde un rythme effréné sur le ton affairiste, souhaitons avec les auteurs que ces initiatives courageuses qui militent pour une économie véritablement au service de l’homme ne restent pas au stade anecdotique.


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