Les CRA, de pire en pire

En 2014, près de 50 000 personnes ont été privées de liberté dans les centres et locaux de rétention administrative, soit une hausse de 9% par rapport à 2013. Dans un rapport commun sur les centres et locaux de rétention administrative remis fin juin, cinq associations – Service social familial migrants (Assfam), Forum Réfugiés, France Terre d’asile, la Cimade et l’Ordre de Malte – dressent un bilan, encore une fois accablant. L’enfermement est qualifié d’« abusif » et la rétention est considérée comme « détournée ». En métropole, 55% des personnes sont éloignées de force vers un pays européen. Parmi elles, 28% sont des ressortissants communautaires, essentiellement des Roumains, qui bénéficient pourtant du principe de libre circulation dans les conditions prévues par le droit. En 2014, les ressortissants albanais ont représenté la première nationalité éloignée, suivie de près par les Érythréens, les Soudanais, les Syriens et les Afghans – , pourtant souvent inexpulsables en principe.
Par ailleurs, malgré de récentes condamnations par la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH), le taux d’enfermement des enfants a grimpé de 16% en métropole et de… 59% à Mayotte. Enfin, le taux moyen passé en centre de rétention est passé d’environ dix jours les années précédentes à 12,3 jours en 2014, certaines préfectures allant jusqu’à plus de 17 jours. Le projet de loi annoncé par le ministère de l’Intérieur, déplorent les associations, ne prévoit aucunement « de revenir sur les dispositions les plus contestées de la réforme de 2011, pourtant décriées à l’époque par l’actuelle majorité ». Celles-ci se verraient plutôt renforcées, allant dans un sens toujours plus restrictif. « Ce sont de véritables politiques alternatives qui doivent être inventées pour organiser humainement ces migrations européennes et ultra-marines », concluent les cinq signataires.
Voir aussi Lien Social n° 1167 (9 – 22 juillet)