Le lent recul de l’engagement syndical

L’engagement syndical a nettement reculé de 1983 à 2013 selon une récente étude de la DARES*.
En 2013, le nombre de salariés syndiqués est de 11 %, mais les formes d’engagement dans l’organisation syndicale varient. Pour 30 % d’entre eux, il s’agit d’une activité régulière mais pour 51 % cela ne représente qu’une « simple adhésion ».
Les hommes sont plus présents que les femmes et l’activité syndicale est plus intense chez les salariés de plus de 50 ans et les moins diplômés (niveau bac ou inférieur). Un syndiqué sur quatre est ouvrier.
Si les syndiqués des secteurs marchand et associatif sont moins nombreux que dans la fonction publique, ils sont plus actifs dans les actions de l’organisation syndicale. La peur des représailles est la raison principale de cette faible adhésion ; ainsi les salariés qui font le choix de se syndiquer dans le secteur privé ont un réel engagement militant.
Lors des élections professionnelles, les salariés syndiqués votent deux fois plus que les salariés non syndiqués (84 % contre 47 %). Ils se mobilisent aussi davantage pour des actions collectives : 36 % des syndiqués ont participé à au moins une grève sur les douze derniers mois, ils ne sont que 17 % pour les non syndiqués.
Enfin, l’étude note que les salariés syndiqués sont deux fois plus investis au sein d’associations, de partis politiques ou d’activités bénévoles ; leur engagement citoyen dépasse donc souvent la sphère professionnelle.

Un modèle classique ébranlé

En trente ans, la syndicalisation des salariés connait un net recul tant dans l’adhésion que la participation. Dans les années 1980, les syndiqués actifs étaient plus de 50 % ; les années 2000 ont connu un pic de participation avec la mise en place des 35h pour ensuite diminuer de manière régulière.
En 1983, le nombre d’adhérents était plus important mais leur engagement moins intense qu’aujourd’hui où cette tendance s’inverse ; en 2013 on connait un nombre moindre d’adhérents mais qui sont plus actifs et ont plus de responsabilités.
En 2013, l’engagement n’intervient que tardivement dans une carrière. « Le modèle classique de l’engagement militant masculin ouvrier et industriel a été ébranlé par la forte transformation du tissu productif et du salariat ». La crise de l’industrie, les contrats courts et à temps partiel, l’arrivée plus massive des femmes sur le marché du travail, la sous-traitance ont bouleversé l’activité syndicale classique.
Cette « crise » de l’activité syndicale va de pair avec l’infléchissement de l’engagement auprès de causes collectives et citoyennes. 34 % des syndiqués étaient membres d’associations en 1983 contre 12% en 2013.
Malgré cette désaffection notable, le rôle social des syndicats dans la sphère professionnelle reste majeur. Ils demeurent un acteur de premier plan dans la défense des droits et intérêts collectifs.

Intégralité de l’étude De l’adhérent au responsable syndical – Quelles évolutions dans l’engagement des salariés syndiqués ?

*Direction de l’Animation de la Recherche, des Études et des Statistiques