Lancement des États généraux des migrations

Changer radicalement de politique migratoire : dans ce but, 470 organisations ont lancé les Etats généraux des migrations le 21 novembre. Depuis leur première tribune publique le 15 juin dernier, puis une seconde le 24 juillet après l’annonce du « plan migrants », elles demandent au Président et au Premier ministre l’organisation d’une conférence nationale d’urgence pour des politiques alternatives d’accueil. Jean-Claude Mas, secrétaire général de la Cimade, décrit « une politique de contrôle, de tri, de dissuasion, d’éloignement, d’expulsion » mêlée « dans des proportions inégalées ces dernières années au mépris des droits fondamentaux des personnes migrantes ».

Cette logique de tri était également dénoncée le 22 novembre, dans une lettre ouverte à Emmanuel Macron, par la Fédération des acteurs de la solidarité (FAS). Elle s’inquiète de voir se développer « massivement des dispositifs dérogatoires au Centre d’accueil pour les demandeurs d’asile (CADA) » désignés par des sigles multiples (CAES, PRAHDA, CPO, CARA, CAO… ) qui placent « les associations gestionnaires de ces capacités d’accueil dans des missions de contrôle contraires à la déontologie du travail social ».

Réalité « glaçante »

Face à l’absence de toute réponse, les 470 associations mettent désormais en place une concertation nationale pour démontrer qu’une autre politique est possible. Elles veulent prendre à contrepied le discours officiel distinguant les « bons » étrangers des « mauvais », les réfugiés et les migrants économiques : une distinction impossible tant les problématiques peuvent être liées.
Elles alertent sur les mesures envisagées dans le futur projet de loi sur l’immigration : allongement à 90 jours de la durée de rétention, création de la notion de « pays tiers sûrs », pour y renvoyer les personnes qui y ont transité. Elles dénoncent la politique aux frontières et sa réalité « glaçante » selon Pierre-Alain Mannoni, de Solidarité Migrants 06 à Nice. « Nous sommes témoins de scènes de guerre dans la montagne, à proximité de la frontière, des militaires, en treillis avec des armes de guerre, qui sortent de la nuit pour assaillir des migrants » observe-t-il.

Accueillir autrement

Ce rassemblement rare d’associations très diverses veut mettre en lumière toutes les initiatives citoyennes, tous les collectifs qui sur le terrain, chaque jour, pallient la politique gouvernementale de non-accueil : hébergements citoyens, distributions de biens essentiels et de repas, accompagnements dans les démarches. Leurs premières actions auront lieu le 18 décembre, journée internationale des migrants. Leurs propositions, issues de la concertation nationale, seront dévoilées au printemps prochain.