Journée mondiale de lutte contre le sida : le combat continue

Avec 6 000 nouvelles contaminations chaque année, le nombre de découvertes de sérologie positive au VIH ne baisse plus en France depuis 10 ans. Dans son dernier point sur l’épidémie à l’occasion de la journée mondiale de lutte contre le sida ce 1er décembre, l’Institut national de veille sanitaire s’inquiète d’une épidémie cachée importante. Environ 25 000 personnes séropositives n’auraient pas été dépistées, dont 70% seraient des hommes. Parmi eux, des hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes (HSH) (40%) et des personnes hétérosexuelles d’origine étrangère, notamment d’Afrique subsaharienne (40%), une constante dans les découvertes des infections à VIH depuis 2003.

Les nouvelles préventions ne suffisent pas

Pourtant, ces dernières années, la prévention et le dépistage de ce virus ont connu des révolutions : sortie du « tout préservatif », introduction du TasP (Treatment as Prevention) - sous traitement et avec une charge virale indétectable, la personne séropositive n’est plus contaminante – et de la prophylaxie pré-exposition (PreP) pour les personnes ayant des comportements sexuels à haut risque, arrivée des tests rapides d’orientation diagnostic (TROD) et des auto-tests. Si le nombre de découvertes de séropositivité baisse chez les hétérosexuels depuis le début des années 2000, il ne diminue pas chez les HSH qui représentent près de la moitié des nouvelles découvertes de séropositivité en 2016. L’INVS s’alarme en outre de l’importance des co-infections avec des infections sexuellement transmissibles (IST) que l’on pensait disparues, comme la syphilis, notamment chez les HSH.

Des discriminations tenaces

« Les discriminations et les stigmatisations dont sont victimes les gays, les travailleurs·ses du sexe, les usagers·es de drogue ou les migrants·es renforcent leur vulnérabilité face au virus » pense le président de Aides, Aurélien Beaucamp. À l’occasion du 1er décembre, l’association sort un rapport sur ces discriminations. Il montre que les personnes séropositives se heurtent à « des entraves tenaces dans l’accès à l’emprunt », un « détournement de procédure massif » fragilise le droit au séjour pour raisons médicales pour les étrangers gravement malades et les politiques répressives envers les travailleurs·ses du sexe dégradent les conditions d’exercice et fragilisent les pratiques préventives.

« Sida : c’est quand qu’on guérit ? » sera le mot d’ordre de la manifestation parisienne traditionnelle du 1er décembre. « Nous pourrions vous parler de nos réserves vis-à-vis de ceux qui parlent de la fin du sida, alors que les moyens alloués à la prévention sont absents, que l’accès aux soins et aux droits est inégal, que les discriminations sur lesquelles pousse le sida perdurent » souligne le texte d’appel.